11098. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

[Reich-Hennersdorf,] 17 [juin 1759].327-3

Mon cher Frère. Je vois que vous chassez nos ennemis, comme le vent dissipe la poussière. J'en suis charmé, mais je voudrais que vous communiquiez votre beau secret au prince Ferdinand, qui, je crois, pourrait en avoir grand besoin à présent. Je reçois dans ce moment un courrier qu'il m'envoie. Les Français sont pénétrés dans le pays<328> de Waldeck, le prince Ferdinand est à Soest, et un corps marche vers Cassel. Le prince Ferdinand marche à eux, à ce que l'on dit; ainsi dans peu il faut s'attendre à quelque événement très important pour toute notre droite. Mon gros bœuf béni laisse travailler ses alliés et ne se remue pas plus qu'une souche. 11 veut profiter de la peine des autres, mais s'il plaît au juste Ciel, il en [emjportera la folle enchère.

Les nouvelles que je peux vous écrire d'ici, ne valent pas le port de lettres. On a voulu m'enlever le poste du pas auprès de Schmiedeberg; on n'a pas pris un chat, et on y a perdu du monde. Il y a presque tous les jours un petit chamailli de hussards vers Tschöpsdorf,328-1 mais cela est si fort dans le petit que ces miniatures ne méritent aucune place parmi les grands tableaux du temps. Je vous supplie donc de prendre patience avec moi et d'attendre que le moment vienne de faire quelque chose. Mon armée n'est pas admirable, cependant beaucoup plus passable que l'année passée. Si la fortune se met de notre côté, nous pourrons, malgré bien des inconvénients et des difficultés, encore faire quelque chose.

Adieu, mon cher frère, je vous embrasse en vous assurant de la parfaite estime et de la tendresse avec laquelle je suis, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



327-3 Das in den Akten unter anderen undatirten Papieren aufgefundene Schreiben ist sicherlich in den Juni 1759 einzureihen.

328-1 Westl. von Liebau.