11255. AN DEN ETATSMINISTER GRAF FINCKENSTEIN IN BERLIN.

Schmottseifen, 22. Juli 1759.

... J'ai433-2 été accablé de douleur sur la triste nouvelle de la prise de Minden,433-3 et j'en crains les suites, parcequ'il ne m'a pas paru, par une lettre que le Roi reçut encore avant-hier du prince Ferdinand,433-4 qu'il soit revenu de sa terreur panique et qu'il pense d'abandonner le Hanovre et de marcher sur Brème, ce qui pourrait bien l'entraîner à faire le second tome du duc de Cumberland ou le rejeter sous les ca<434>nons de Magdeburg. Cependant, j'espère encore que les représentations solides et énergiques que le Roi lui a faites réitérativement, le feront revenir de sa faiblesse.

Par surcroît de malheur, le Roi vient d'essuyer de plus grands chagrins encore de la part du général Dohna, qui, par ses pitoyables manœuvres et, pour trancher le mot, son ignorance dans le métier de général, malgré toute sa présomption vaine, n'a pas seulement manqué l'occasion la plus favorable de battre l'armée russe en détail, mais, par sa misérable conduite, fait en sorte que'la belle et leste armée sous ses ordres a été obligée de se retirer honteusement devant l'ennemi, qui la suit, presque insulte, jusqu'à Schwiebus. Grâce à Dieu que le Roi vient d'y remédier, en renvoyant Dohna à Berlin et envoyant le général Wedell à l'armée, comme par commission, représentant le Roi et avec plein pouvoir illimité,434-1 et qui sûrement remédiera à tout le mal que le peu de savoir-faire de l'autre avait causé, et qui aurait mis le Roi et ses États à deux doigts de leur perte ...

Eichel.

Il est à présumer qu'on remuera bientôt ici, afin que l'armée ennemie ne tâche de se rapprocher de celle de Russie, ce que le Roi permettra difficilement, de sorte qu'il trouvera apparemment l'occasion, si longtemps recherchée de lui, de décider les choses.

Suivant une lettre que M. Mitchell a eue de Keith à Pétersbourg, les Autrichiens y ont tant intrigué que l'impératrice de Russie a mis son armée aux ordres de Daun, au moins de la diriger à son gré.

Nach der Ausfertigung.



433-2 Nur die zu chiffrirenden Mittheilungen wurden von Eichel, 'les französischen Chiffres wegen, in französischer Sprache geschrieben.

433-3 Am 9. Juli.

433-4 Vergl. Nr. 11248.

434-1 Vergl S. 423. 424.