11319. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.472-6

Müllrose, 3 août 1759.

J'ai reçu la lettre de Votre Altesse du 31 de juillet dernier,472-7 et je suis charmé de voir que le succès ait répondu aux sages dispositions qu'Élle a faites pour Se préparer la glorieuse journée du 1er de ce mois.472-8 Je suis bien persuadé que Votre Altesse saura présentement pousser Sa victoire et en rendre les suites encore plus considérables. Je pense que Minden ne saurait vous manquer, et que Münster, dès que vous aurez encore un peu plus poussé les Français, tombera au moyen d'un détachement que vous y ferez.

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Quant à moi, comme la situation embarrassante où je me trouve présentement, ne me permet pas de détacher un homme vers le Hohenstein,473-1 je me persuade qu'au cas que Votre Altesse, après avoir poussé les Français, voulût bien y faire un détachement qui se donnerait en chemin pour un avant-corps d'une armée, que cela ferait un très bon effet pour la cause commune et en particulier pour le Duc votre frère473-2 et pour moi, en obligeant les ennemis d'abandonner ces contrées. Je sens, au reste, très bien que Votre Altesse ne saurait encore Se prêter à faire un pareil détachement et qu'il faudra attendre qu'Elle ait poussé plus loin les Français et retiré tout le profit possible de Sa belle victoire.

Quant à moi, je me trouve aujourd'hui ici à Müllrose où l'armée de Wedell doit arriver en deux jours, pour me là joindre, pour agir contre les Russes, qui ont occupé Francfort et sont aux environs de cette ville. Laudon s'est joint aux Russes avec 10 à 12000 hommes; le général Hadik n'a pas pu y réussir, son corps ayant été dispersé par moi, pendant la marche que j'ai faite pour me rendre ici. Nous en avons fait un bataillon entier de Würzburg prisonnier de guerre, avec nombre d'autres prisonniers; nous leur avons pris 4 canons, drapeaux et étendards, avec près de 500 chariots de farine et de pain, partie de leurs fours, avec d'autres attirails semblables.

Je vous félicite de tout mon cœur, mon cher Ferdinand, de vos heureux succès. Le roi de France vous a obligation de ce que vous lui entretenez 20000 hommes plus qu'il en a; j'ai vu des lettres de France qui font monter les armées d'Allemagne au plus à 65000 hommes.

Federic.

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin. Der Zusatz eigenhändig.



472-6 Prinz Ferdinand befand sich nach seinen Berichten im Monat August am 4, in Minden, am 8. in Stuckenbrock (südöstl. von Bielefeld), am 10. in Paderborn, am 19. in Korbach (im Waldeckschen), am 20. in Campf „entre Fürstenberg et Sachsenberg“ (ebenfalls im Waldeckschen), am 22. in Frankenberg (a. d. Eder, in Kurhessen), am 30. in Wetter (nordwestl. von Marburg).

472-7 Vergl. S. 370. Anm. 1.

472-8 Vergl. Nr. 11 317.

473-1 Vergl. S. 440.

473-2 Vergl. S. 431.