11357. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A MAGDEBURG.

[Fürstenwalde, 20 août 1759.]493-3

Vous raisonnez en ministre. Comment voulez-vous que l'on fasse une guerre défensive, et que l'on couvre Berlin qui est ouvert de tous côtés? Comment défendre les deux bords de la Spree, sans se battre? Si je devais faire ici la guerre défensive, je n'ai que deux postes à prendre : l'un près de Küstrin qui perd la capitale; l'autre auprès de Spandau qui la perd également. J'ai l'ennemi des deux côtés de la Spree. Je me battrai sans doute, parceque c'est le parti le plus honorable; et périr pour périr, je mourrai les armes à la main. Voilà sur quoi vous pouvez compter. Quoique mon infanterie soit bien bas, quoique Daun puisse envoyer des secours à ces gens-ci, il n'y a d'autre parti raisonnable à prendre que de tout risquer. Peut-être le hasard sera-t-il pour nous, et un moment de fortune peut réparer le passé.

J'espère de vous délivrer dans peu de vos terreurs pour les Cercles.493-4 Quant à ce qui nous regarde, ne vous attendez qu'à de grands biens<494> ou à d'affreuses catastrophes. Car toute tiédeur est hors de saison; dans des maux désespérés il faut des remèdes désespérés. Vous penserez que je suis un terrible médecin, mais c'est mon malade qui m'oblige à le tirer d'affaire par de pareils moyens, puisqu'il n'y en a pas d'autres.

Je réponds à votre lettre du 19:494-1 vos intentions sont les meilleures du monde; mais, dans la crise présente, je vous exposerais trop à vous faire venir ici.494-2 Nous n'avons pas le temps de négocier à présent. L'idée d'y porter l'Angleterre, est bonne. J'ai, il y a deux mois passés, préludé là-dessus et pris des mesures pour m'arranger avec ces gens.494-3 Je compte sur la fermeté et l'honnêteté de Pitt, et c'est sur lui seul que l'on peut, dans ce moment, fonder quelque espérance.

J'aurai dans peu 33 000 hommes dans mon camp. C'en serait assez, si mes meilleurs officiers y étaient et si les bougres voulaient faire leur devoir. Pour ne rien déguiser, je vous dirai que je crains plus mes troupes que l'ennemi. Il me laisse du temps mal à propos. Je ne sais ce que fait mon frère et Daun, mais je commence à croire que mon frère ne me sera pas inutile.

Enfin, dans la cruelle situation où je me trouve, j'ai pris mon parti pour ne pas manquer de fidélité à l'État: je le défendrai jusqu'à la dernière goutte de mon sang, et si ma canaille m'abandonne, je n'y survivrai pas.

[Federic.]

Nach dem Concept. Eigenhändig.



493-3 Das Datum von Cöper zugesetzt.

493-4 Durch die Entsendung von Wunsch, vergl. S. 492. 495.

494-1 Auf dem Berichte des Ministers vom 19. August finden sich von der Hand Cöper's folgende Weisungen [Bleinotizen] zur Antwort: „Wann Berlin fest wäre! So aber muss Ich schlagen. Das kann man ihm sagen. Er muss an Knyphausen schreiben das Unglück, so geschehen. Ich könnte anjetzo in den Umständen auf keinen als Pitt rechnen. Ich verliess Mich darauf, dass, wann Propositions zum Frieden geschehen sollten, dass sie Mein Interesse so dabei bedenken würden, dass Ich nicht in die Enge käme.“ Man wird anzunehmen haben, dass der Bericht vom 19. zuerst durch ein von Cöper zu entwerfendes Cabinetsschreiben beantwortet werden sollte; daher die Bleinotizen Cöper's; indessen schrieb der König eigenhändig den obigen Erlass nieder, und da seine Mittheilungen zum guten Theil mit den vorher an Cöper ertheilten Weisungen übereinstimmten, so unterblieb das von dem Cabinetssecretärzu entwerfende Schreiben.

494-2 Vergl. S. 486.

494-3 Vergl. Nr. 11111. 11112.