11484. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Suckow,557-3 près de Neustädtel, 23 septembre 1759.

J'ai eu le plaisir de recevoir votre lettre du 22 de ce mois. Il faut que je vous dise, sans vous flatter, que j'ai trouvé tout son contenu admirable, et que je suis parfaitement d'accord là-dessus avec vous, ne vous restant d'autre parti à prendre que celui que vous proposez.557-4 Mais comme le général Fouqué vient d'arranger un détachement pour me joindre, je vous prie de lui envoyer 6 à 7000 hommes, moyennant quoi il pourra se soutenir; et au cas que Daun se repliât sur la Silésie, il faudrait sans doute que vous l'y suivissiez d'abord, et vous pourriez diriger pour lors votre marche sur Spremberg, pour me joindre par la principauté de Sagan. Le maréchal Daun a détaché encore de nouveau 5000 hommes qui sont marchés sur Muskau. Vous sentez bien<558> que, n'ayant que 24000 hommes, l'ennemi en ayant au delà de 46000 hommes, s'il s'agissait d'une bataille, il faudrait de nécessité que je succombasse. Je ne saurais donc que demander votre assistance pour empêcher des détachements de l'armée de Daun qui me sont si préjudiciables. Vous observerez à cette occasion que, si vous vous fussiez approché à une distance de deux milles du camp de Daun, vous auriez été plus à même de mettre obstacle à de pareils détachements. La communication avec le corps d'armée du général Finck vous sera, dans ces entrefaites, d'une grande ressource et pourra beaucoup faciliter vos vues.

Pour ce qui me regarde, je suis marché aujourd'hui ici à Neustädtel, où j'ai devancé l'ennemi d'une marche;558-1 il comptait d'occuper ici le camp que j'ai pris, mais il s'est ravisé en m'y voyant arriver.

Au reste, je vous prie, mon cher frère, de vouloir bien faire savoir de ma part à M. Mitchell que je souhaitais qu'il se rendît à Breslau. Vous me feriez plaisir d'y envoyer aussi mes gens558-2 qui se trouvent actuellement chez vous, afin que je puisse avoir la commodité de les faire venir ici, quand cela se pourra.

Federic.

Finck a 5 régiments de cavalerie, j'en ai 7 et 23 bataillons complets, mais pas un chat de plus. Vous pourriez obvier à tout cela par un détachement de 5 à 6000 hommes, la prime plane y comprise, parmi lesquels les gardes du corps et mes grenadiers. Fouqué m'envoie 3 bataillons et 2 escadrons. Cela ne suffit pas, il me faut au moins 29 bataillons et 10 escadrons de plus que je n'en ai.

Nach dem Concept. Der Zusatz eigenhändig.



557-3 Sückau, südöstl. von Neustädtel.

557-4 Vergl. den Bericht des Prinzen bei Schöning a. a. O. Bd. II, S. 160. 161.

558-1 Die gleiche Nachricht wird am 23. an Hacke gesandt; ihm wird befohlen, „die Detachirte und Reconvalescirte, so zu diesem Corps d'armée gehören, je eher je lieber herzuschicken“ .

558-2 Die Beamten des königlichen Cabinets und andere Angehörige des Gefolges.