11570. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Glogau, 5 novembre 1759.

J'ai bien reçu votre lettre du 2 de ce mois. Je m'étonne que le duc d'Arenberg soit resté à Eilenburg, et quoique je connaisse ces environs, il ne me ressouvient pas y avoir remarqué des endroits assez avantageux, pour que l'ennemi pût y prendre des camps forts. Dès que vous pourrez tourner l'armée de Daun, soit par sa droite ou par sa gauche, vous l'obligerez sûrement à décamper, et la noise recommencera aux environs de Meissen et de ces défilés qui environnent Dresde; mais quand nous en serons là, je crois qu'un gros détachement du côté de Freiberg terminera la campagne. Nous trouverons encore des vivres en Saxe, les environs de Leipzig ne sauraient être épuisés; Naumburg, Weissenfeis, Langensalze. Zeitz, le pays de Zerbst et de Bernburg, tout cela fournira, et le temps nous fera trouver des arrangements et des expédients. Ayez la bonté de dire à Zinnow622-3 qu'il prépare le tableau des contributions sur le pied dont on était convenu l'année passée.

Je compte d'être le 12 à Torgau et de vous suivre, de quel côté que vous vous soyez tourné. L'ennemi une fois expulsé de la Saxe, le reste ne coûtera que quelques coups de plume, et cela sera arrangé bien vite. Hülsen sera demain à Liebenwerda, de sorte qu'il se pourrait très bien que messieurs de l'Empire soient renvoyés bien battus à Dresde.

Je partirai d'ici après-demain, et j'aime mieux me rendre estropié et boiteux à mon devoir, que d'y manquer. Je me flatte de ne vous<623> plus trouver à Torgau, mais d'être obligé de vous suivre. Vous pourrez désormais envoyer les courriers par la Lusace, où tout sera tranquille pour un temps, et où le grand corps avec lequel je marche, imprimera de l'attention à l'ennemi. Je me souviens de Philippe II, auquel ses généraux écrivirent de ne point venir dans l'armée comme un bagage à charge, mais pour y être utile. Je mène au moins un renfort avec moi, pour que personne n'ait à se plaindre. Je vous embrasse de tout mon cœur.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.



622-3 Geheimer Finanzrath und Mitglied des preussischen Feldkriegsdirectoriums in Sachsen.