11615. A LA PRINCESSE AMÉLIE DE PRUSSE A BERLIN.

Wilsdruff près de Dresde, 21 novembre 1759.

Ma très chère Soeur. J'ai été étonné du gros paquet que vous avez eu la bonté de m'envoyer, et en l'ouvrant, à ma plus grande sur<654>prise, j'ai trouvé ce que je n'y cherchais pas. Cette médaille654-1 prouve que les objets vus de loin se présentent sous des apparences plus favorables que ceux que l'on examine avec des microscopes. Je vous renvoie, comme vous me l'ordonnez, ce monument suisse qui me confirme dans l'ancienne idée qu'on avait de cette nation.

Pour moi qui n'ai ici ni prophète654-2 ni devin, je ne peux vous entretenir que des événements passés, et, pour satisfaire votre curiosité, je vous dirai que j'ai entouré Daun de ce côté ici de l'Elbe, que nos hussards lui ont brûlé deux magasins importants en Bohême, que les troupes de l'Empire ont été chassées par Wunsch qui campe à Dohna, que Finck a battu hier à Maxen le général Sincere, que Daun sera obligé de passer l'Elbe pour se sauver par Zittau en Bohême, et que les armées ne se battront pas. La paix paraît vraisemblable, mais il reste toujours à nos espérances de distinguer les probabilités des certitudes, et il faut si peu de choses pour changer les idées des hommes, surtout de ces barbares qu'on appelle politiques, qu'il ne faut se fier à rien. Je crois qu'il nous faudra jusqu'au 25 de ce mois pour purger la Saxe d'ennemis, et qu'alors nous rentrerons tranquillement à Dresde. Je bénirai le Ciel que cette dure et dangereuse campagne se finisse ainsi mieux que nous ne pouvions l'espérer, il y a trois mois. Je vous embrasse, ma chère soeur ; je vous félicite sur votre retour à Berlin ...654-3

Federic.

Nach der Ausfertigung im Königl. Hausarchiv zu Berlin. Eigenhändig.



654-1 Die Schreiben der Prinzessin aus dieser Zeit liegen nicht vor.

654-2 Vergl. Bd. XVI, 267. 286.

654-3 Der Schluss des Schreibens unpolitisch.