<103> savoir à quoi se tenir à ce sujet. Mais ce que vous devez insinuer également à eux, c'est que, tandis [qu']ils n'auront fait leur composition avec les Français, il serait impossible au susdit Prince de faire des détachements de son armée en ma faveur.

Pour ce qui regarde mes troupes qui sont jointes à celles du prince Ferdinand, je n'aimerai pas de les retirer de l'armée alliée, parceque le Prince ne s'en déférerait qu'à regret, et par les mauvaises conséquences que nos ennemis communs ne laisseraient pas de tirer d'une chose qui ne saurait manquer de causer de l'éclat dans le public. Au surplus, j'applaudis extrêmement au sentiment dont vous finissez le troisième post-scriptum de votre dépêche du 25 janvier, et conviens qu'une prompte paix nous sera plus désirable dans les circonstances présentes que la conquête la plus solide; et c'était autre chose, quand notre situation fut telle encore que je pouvais me flatter encore de pouvoir prendre quelque regrès sur l'ennemi.

Au reste, comme en conséquence de vos rapports les ministres anglais ont voulu permettre et ont paru souhaiter même que, si, indépendamment des canaux que je saurais avoir à La Haye, je saurais trouver d'autres encore pour faire des insinuations à la France et y accélérer l'ouvrage de la pacification, ils ne m'en sauraient du tout mauvais gré, mais m'en laisseraient le maître, je me conformerai aussi à ce sujet aux désirs des susdits ministres, et voilà la façon dont je pense m'arranger en ceci. Je prierai d'abord la duchesse régnante de Saxe-Gotha de me fournir un de ses gentilshommes qui a tous les talents requis pour une pareille mission importante et secrète, afin de l'envoyer avec tout le secret possible en France. Un des gens de cette Princesse sera moins chargé en France des soupçons de liaisons avec moi, que si j'en envoyais un des miennes, et d'ailleurs, comme l'attachement de la maison de Gotha à l'Angleterre est connu, les ministres anglais auront d'autant moins lieu de se douter qu'une personne attachée à la cour de Gotha voudrait jamais prêter ses services pour faire quelque chose de préjudiciable aux intérêts de la Grande-Bretagne.

J'adresserai cet émissaire au bailli de Froullay, que vous connaissez, avec une lettre de ma part,1 dont voici la copie, sur laquelle je vous renvoie : ainsi que ce sera proprement le Bailli à qui j'adresserai la commission. Quand celui en aura parlé aux ministres de France et verra le train que cette négociation secrète prendra, il confiera sa réponse à l'émissaire qui, après avoir pris ses mesures pour la sûreté du passage de son courrier, me l'enverra incessamment, et que je communiquerai fidèlement par vous aux ministres anglais, pour en agir de concert en tout avec eux. J'instruirai d'ailleurs l'émissaire que, lorsqu'il verra par la réponse du Bailli qu'il y a de l'espérance pour la prompte réussite de cette négociation, je lui continuerai mes ordres, mais que, s'il verra



1 Vergl. Nr. 11845.