<130> où nous sommes tout-à-fait encore si l'on parviendra à un prompt accommodement avec la France, d'employer tout ce qu'il [y] a des moyens pour parvenir au plus tôt mieux à la conclusion d'un traité avec la Porte à ces conditions dont le ministère anglais est informé depuis longtemps et qu'il a approuvées? J'ai pesé les inconvénients qui sauraient résulter en quelque façon d'une telle liaison, mais vous savez qu'un homme qui risque à se noyer, se tient à tout pour se sauver. D'ailleurs, j'ai pris mes précautions pour ne rien gâter, si, contre toute l'apparence, la négociation avec la France pour une paix séparée dût s'acheminer à sa consistance, en instruisant mon émissaire que, supposé que ledit cas arrivât, je l'en instruirais incessamment, afin d'en informer d'abord la Porte, pour ne pas faire alors quelque fausse démarche par quelque coup d'éclat; mais aussi dans le cas que la guerre continuât à se faire avec vigueur et que la Porte m'assistera, soit par une rupture ou par quelque diversion, je n'ai pu me dispenser de l'assurer alors que je ne la sacrifierais pas au ressentiment de mes ennemis, et que je ne signerai pas la paix avant son inclusion.

Voilà ce que je vous dis pour votre direction; vous saurez, en homme sage et prudent, l'usage convenable que vous en devez faire, pour ne rien gâter avec les ministres. Je crois ne pas me tromper, quand je soupçonne que, par un ménagement faux peut-être pour la Russie, le ministère anglais n'a jamais voulu travailler sérieusement à ce que la Porte prit des engagements défensifs avec moi; si je dois ajouter tout-à-fait foi à ce que mon émissaire me mande des constantes liaisons que le sieur Porter entretient avec les ministres de Russie à Constantinople, la conduite indolente et réservée qu'il a observée pendant toute cette négociation, me confirme ces soupçons; et aussi souvent que mon émissaire lui a demandé conseil ou assistance, il ne l'a payé que des défaites, et, quand le Grand-Vizir lui a fait demander par écrit ou verbalement une promesse que l'Angleterre y tiendrait les mains à ce que le traité qu'elle1 ferait, serait observé de ma part, pour ne pas l'abandonner par quelque paix particulière au ressentiment de nos ennemis, en haine de ce traité et des efforts qu'elle ferait pour me garantir mes États, M. Porter l'a toujours refusé au grand étonnement de la Porte. Il ajoute que, quand autrefois il avait fait des promesses de faire des largesses en argent pour acheminer la négociation, il avait retiré à présent ces promesses et pensait, à ce que mon émissaire avait appris, de remettre en Angleterre les sommes que le ministère anglais lui avait confiées autrefois à cette destination.2



1 La Porte.

2 Mitchell meldet, Hauptquartier zu Freiberg 27. Februar, an Holdemesse (particular and very secret): Der König habe mit ihm über Berichte Rexins gesprochen, „which gave hopes the Turks would do something for him, that they were Willing to enter into a defensive treaty with His Prussian Majesty, that they had views upon the banat of Temesvar, and that certainly the Tartars would begin to act . . He added that the emissary complained of Mr. Porter who had given him no sort of assistance, and who was much connected with the Russian resident . . His Prussian Majesty has asked me several times since, what I thought of his news from Constantinople; I could not help saying that I feared his emissary would be the dupe of that court. Hb Prussian Majesty answered that in the situation he was in, he must lay hold of every rope to save himself, that therefore- he had given orders to the emissary to sign the treaty and to spend money . .“ [Ausfertigung im Public Record Office zu London.]