<142>gulières de Russie font tous les jours sur le territoire de Sa Majesté, M. de Pechlin, de son côté, n'épargnera ni soins ni fatigues pour voyager vite et pour venir à bout de son dessein avec la plus grande promptitude qui sera humainement possible. Le reste dépendra beaucoup du Roi.

Enfin, Monseigneur, si Sa Majesté juge à propos de faire entreprendre cette négociation, qui mettrait en déroute et confondrait toute la politique de ses ennemis, il serait nécessaire que nous fussions munis ici d'un bon chiffre, car je tremble même en écrivant ce détail-ci à Votre Altesse Royale, et je n'en garde ni minute ni copie, crainte d'accident. Il se trouve encore ici un chiffre que le feu baron Wrangel a eu avec M. le comte de Finckenstein.1 J'en puis disposer, car il est entre les mains du baron de Rangstœdt, pourvu que Sa Majesté en eût le duplicata là-bas.

Voilà, Monseigneur, tout ce que je puis dire au moment présent, et ce que j'ai cru devoir rapporter à Votre Altesse Royale en qualité d'honnête homme et de fidèle serviteur du Roi. Elle en fera l'usage qu'Elle jugera à propos, et Sa Majesté en disposera selon son bon plaisir; mais je ne puis m'imaginer que cette ouverture m'ait été faite par un ministre public et très ministériellement sans ordre et sans dessein p.2

[Freiberg,] 29 [février3 1760].

Mon cher Frère. Dans la situation critique où nous nous trouvons, il ne faut rien négliger. J'ai déjà agi à la vérité à la cour de Pétersbourg par le canal du sieur Keith;4 il y a 400000 écus là-bas à sa disposition, et s'il en fallait davantage, ce ne serait pas la difficulté; ce qui me fait cependant croire qu'il y a plus de bonne volonté que de politique dans les intentions de celui qui veut se charger de la négociation, c'est qu'il croit pouvoir beaucoup opérer par le Grand-Duc, et cela est faux : il n'y a que Pierre Schuwalow qui dispose de tout; si on peut acheter celui-là, tout le reste de la troupe est à nous.

Voici donc les mesures que j'ai prises et dont je vous prie d'avertir Bielfeld. Premièrement, les 4000 ducats seront payés, l'homme aura son instruction et pourra partir en conséquence. Je fais avertir Keith en même temps du projet, et il aura l'œil sur les manœuvres de cet homme-ci, pour que l'argent ne soit lâché qu'à propos et pour le bien des affaires.

Les lettres de France valent mieux que les précédentes, et il paraît que l'on met de l'eau dans son vin; les bourses sont vides, et c'est ce qui les rend très modérés et doux.

Adieu, cher frère, je vous embrasse de tout mon cœur, en vous assurant de la parfaite tendresse avec laquelle je suis, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur

Federic.5

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



1 Vergl. Bd. XVIII, 53. 61. 98. 120.

2 Ueber das obige Schreiben und über die Sendung Pechlins Uberhaupt vergl. R. Schmitt, Deutsche Zeitschrift für Geschichtswissenschaft, Bd. VI, S. 94.

3 Mit einem Schreiben vom 28. Februar wird dem Prinzen die Liste der Generale übersandt, „que vous aurez sous vos ordres dans le corps d'armée en Silésie que vous commanderez“ , sowie ein Verzeichniss der fur dieses und für das Manteuffelsche Corps bestimmten Regimenter.

4 Vergl. Bd. XVIII, 759. 771.

5 In einem (nicht eigenhändigen) Postscriptum werden dem Prinzen die Berichte von Goltz (vergl. Nr. 11875) und Lattorff (vergl. Nr. 11876) übersandt.