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11898. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.

Freiberg, 8 mars 1760.

Selon tous les avis que je reçois, et que les circonstances confirment par ce qui se passe sur les frontières de la Bohême, Laudon,1 qui, à ce que vous vous souviendrez, y a commandé un corps de l'ennemi séparément, vient de partir de cette frontière avec un corps d'environ 10000 hommes, avec lequel il va prendre la route d'Olmütz, pour joindre tout ce que l'ennemi y a assemblé de forces; cela me fait présumer que les Autrichiens veulent diriger leurs principales forces vers la Haute-Silésie et y faire leurs plus grands efforts. Si je vois donc qu'ils veulent diriger là leurs grandes opérations, je suis intentionné de prendre mpi-même le commandement de l'armée de Silésie, destinée pour y défendre les frontières contre les Autrichiens et contre les Russiens, ce dont j'ai cru devoir au moins vous avertir préalablement.

Quant au rétablissement de mon armée, j'ai réussi par les arrangements que j'ai pris, à avoir remis tous les régiments d'infanterie que l'ennemi tient encore prisonniers de guerre, jusqu'à 1000 têtes par régiment, il y en a de 1200. Mais cela n'est pas également des régiments de cavalerie qui en sont, lesquels je n'ai pu remettre jusqu'à présent qu'à 140 ou 150 chevaux, de sorte que je doute que le reste pourra s'achever2 avant l'ouverture de la campagne. Voilà pourquoi je pourrai manquer en cavalerie et que, s'il saurait arriver de vous prier pour quelque secours à me donner, ce seraient mes régiments de cavalerie qui sont auprès de l'armée sous vos ordres, que je pourrais vous redemander. Je crois que cela pourra se faire d'autant plus que vous n'aurez dans la campagne qui vient qu'une seule armée ennemie vis-àvis de vous, et que les gasconnades que les Français ébruitaient l'automne dernier, de mettre deux armées en campagne, se sont entièrement évanouies,3 ainsi que je présume que vous n'aurez pas besoin de tant de cavalerie. Ce n'est cependant pas que je vous redemande d'abord cette cavalerie prussienne, mon intention à présent n'étant autre que de vous en avertir préalablement, afin que vous puissiez prendre vos mesures en avance, si le cas arrivait que mes circonstances m'obligeassent d'y recourir.

La tête tourne à nos ennemis; ils savent faire des dispositions, mais leurs projets de campagne n'ont pas le sens commun, et ce sera peut-être ce qui nous sauvera, si cela est encore possible.

Federic.

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin. Der Zusatz eigenhändig.



1 So nach dem Concept ; in der Vorlage: „car Laudon“ .

2 So nach dem Concept; in der Vorlage: „acheter“ .

3 Vergl. S. 152.