<19> l'ombrage. Il me semble donc que les circonstances présentes demandent que vous ne laissiez en Haute-Silésie qu'un corps proportionné à celui que Laudon a laissé en Moravie, que Goltz pourrait commander, et qu'avec le reste vous vinssiez renforcer le Schmettau. Jahnus n'est, à ce qu'on m'écrit, qu'avec quatre à cinq mille hommes à Trautenau; Schenckendorff suffirait donc à Landeshut avec 4 ou 5 bataillons, et vous pourriez occuper Lœwenberg, Lauban et Gœrlitz avec une tête et nourrir, autant que possible, votre cavalerie de la Lusace. Cette position ôtera l'envie à l'ennemi d'envoyer ou vers Kottbus et1 plus loin, et lui fera même faire des réflexions, avant que d'aventurer un corps jusqu'à Torgau, et en même temps votre corps sera à portée, s'il le faut, pour s'opposer aux Russes.

Je vous recommande, d'ailleurs, d'employer tous vos soins à recompléter tous ces régiments qui sont en Silésie, à les tenir sous une discipline sévère et à les mettre en état de bien servir le printemps qui vient, car la paix ne me paraît pas assez avancée pour que l'on puisse compter sur elle.

Voilà ce que je peux vous dire en gros. Ma situation est affreuse, mais il faut faire son devoir, et s'il faut périr, que ce soit l'épée à la main et en immolant à notre vengeance le plus d'ennemis que nous pourrons.

Adieu, mon cher ami; quand vous serez dans notre voisinage, je pourrai vous en écrire davantage. Soyez persuadé de mon amitié et de toute mon estime.

Federic.

Nach der Ausfertigung im Kaiserl. und Königl. Kriegsarchiv zu Wien. Eigenhändig.


11754. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A LONDRES.

Freiberg, 12 janvier 1760.

Je viens de recevoir de bon lieu un avis que, par la singularité de son contenu, je n'ai pu me dispenser de vous communiquer d'abord à la suite de cette lettre. Si son auteur y accuse juste, je me flatterai que la guerre présente avec la France saurait être composée cet hiver encore par l'Angleterre, ce qui serait un grand point gagné, pour parvenir d'autant plus tôt à une pacification générale.

Je suppose avec cela, et j'y compte fermement, par les promesses que vous m'avez aussi souvent réitérées dans vos rapports, que l'Angleterre ne fera jamais sa paix avec la France qu'à mon inclusion expresse et sans en avoir communiqué préalablement avec moi. Sur quoi vous veillerez de toute votre attention, tout comme sur les autres circonstances que l'avis comprend, afin d'y prendre vos mesures et vos précautions, pour que rien [ne] se fasse au préjudice de mes intérêts. Après



1 So.