<200>pagne. Qu'il était vrai qu'on avait eu une fois l'idée de procurer un établissement aux Pays-Bas à la duchesse de Parme, qui en avait eu grande envie pour elle-même, mais qu'on y avait entièrement renoncé depuis sa mort,1 d'autant qu'on sentait fort bien qu'il faudrait soutenir une longue guerre contre l'Angleterre et la République même, avant de pouvoir espérer d'y réussir. Qu'on n'espérait pas beaucoup non plus, ni ne comptait guère sur l'Espagne, quoique le duc de Choiseul s'efforçait de faire accroire le contraire ; enfin, que la France désirait extrêmement la paix et de pouvoir la faire à des conditions un tant soit peu honnêtes, et qu'on serait charmé de savoir celles auxquelles l'Angleterre voudrait la faire. Qu'on ne croyait pas y parvenir en renvoyant le tout à un congrès général et qu'on ne s'entendît ensemble auparavant; qu'on avait quelque difficulté d'articuler le mot de vouloir abandonner ses alliés, d'autant qu'il renfermait quelque chose de déshonorant, mais que, si une bonne fois on était d'accord, il a ajouté, comme de soimême, qu'on pourrait peut-être se borner à n'envoyer que les 24000 hommes ou n'offrir que l'équivalent en argent, mettre un peu de lenteur dans l'exécution, que les plaintes, les reproches suivraient de reste et fourniraient une défaite d'en faire encore moins.

Le sieur de Yorke, ayant vu qu'il parlait clair, lui a répondu qu'il était très certain que Sa Majesté Britannique désirait sincèrement la paix; que la déclaration qu'elle avait fait faire au milieu de ses succès, le prouvait de reste; qu'il s'agissait de voir si la France en avait une envie aussi sincère; qu'il ignorait à la vérité les conditions que sa cour y mettrait, que tout ce qu'il pouvait lui dire, était, que la chose serait impossible, si la France voulait la proposer à l'exclusion des alliés de l'Angleterre, mais possible avec ceux-ci. M. Yorke a ajouté, ce que cependant [il] n'a pas marqué à sa cour, que, si la France voulait proposer quelque chose à l'exclusion du roi de Prusse, elle n'avait qu'à chercher un autre canal, que, pour lui, il ne s'en chargerait pas.

Le comte a répliqué qu'il serait à souhaiter que le roi de Prusse voulût faire quelque chose. — „Voudriez-vous qu'il cédât la Silésie?“ l'a interrompu le sieur Yorke. — „Non pas,“ a répondu le comte; „la France voudrait même la lui garantir de nouveau.“ — Yorke lui ayant demandé quelle perte était la plus sensible à la France, si c'était le Canada? le comte a répondu: „Non; on trouve qu'il nous coûte 36 millions d'entretien et que les retours ne sont nullement proportionnés.“ — „C'est donc la Guadeloupe?“ — „Non plus; nous aurions assez de sucres sans cette île.“ — „Voudrait-on conserver les fortifications de Dunkerque?“ — „Non plus; leur démolition n'arrêterait pas la signature de la paix.“ — „Sont-ce donc les colonies en Afrique et aux Indes orientales qui tiennent le plus au cceur?“ — „Vous y voilà,“ a repris le comte; „nous ne pouvons rien en céder, ni abandonner,“



1 Die Prinzessin war am 6. December 1759 gestorben. Vergl. Bd. XVIII, 717.