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12015. AU SECRETAIRE BENOÎT A VARSOVIE.

Freiberg, 18 avril 1760.

J'ai bien reçu votre rapport du 9 de ce mois et suis satisfait de la façon dont vous vous êtes servi pour dépêcher les émissaires en question, et des précautions que vous avez prises, pour que tout soit passé sans le moindre éclat.

Quant à celles que vous me marquez que le ministre de Schlabrendorff aurait à observer, si dorénavant le cas exigera de vous adresser de pareilles dépêches1 par des courriers ou exprès de Breslau, j'ai instruit le susdit ministre qu'il doive s'y conformer et observer le plus exactement, jusqu'au moindre détail, toutes les précautions et mesures que vous venez d'indiquer.

Quant aux exprès qui viennent à milord Stormont de certain autre lieu, vous savez bien que je ne suis pas le maître de les détourner, ni de faire leur prescrire autre route ni adresse que celle que leur ordonnent de tenir ceux qui les dépêchent. Ainsi il faut absolument qu'en pareil cas vous usiez de toute votre adresse, pour en prévenir le moindre éclat. Vous aurez, j'espère, observé de brûler d'abord les copies que vous avez tirées, par d'autant plus de précaution, des dépêches qui vous ont été adressées de certain lieu, pour qu'il n'en reste la moindre trace parmi vos papiers.

Je vous ordonne, au surplus, de veiller de toute votre attention, quoique sans affectation et sans le faire remarquer trop particulièrement, sur les nouvelles qu'on aura à Varsovie ou ailleurs en Pologne des frontières de la Turquie et d'autres contrées pareilles : si les Russes font quelques préparatifs de guerre dans leurs possessions de l'Ukraine, qui indiquent quelque appréhension contre une invasion des Turcs ou des Tartares; si l'on a des nouvelles de Hongrie de pareils préparatifs, mais surtout si les Turcs font des arrangements dont on peut conclure quelque dessein qu'ils méditent pour entrer en guerre contre les Autrichiens ou les Russes; si les Turcs font faire des mouvements de troupes dans leurs possessions de l'Europe, ou s'ils y font passer des troupes de l'Asie; si le Sultan fait faire des arrangements pour un voyage à Adrianople, ou d'autres pareilles nouvelles qui éclatent plus tôt en Pologne que pour pouvoir nous arriver par aucune autre voie : nouvelles que vous me marquerez incessamment et exactement, dès qu'elles viennent à votre connaissance, et sur lesquelles vous aurez grande attention qu'elles ne sauraient vous échapper.

Fededric.

Nach dem Concept.



1 Nämlich die Schreiben an Rexin. Vergl. S. 223.