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12021. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A MAGDEBURG.

Freiberg, 20 avril 1760.

Je vous sais gré de tout ce que vous m'avez appris par votre lettre du 16 de ce mois et son postscriptum de la même date. Mais quant aux présents que vous me proposez, le cas supposé, au Sultan et au Grand-Vizir, vous n'avez pas bien pensé, quand vous m'avez proposé ceux des boîtes avec mon portrait garni de pierreries, puisque vous devez savoir depuis longtemps que les Turcs, en conséquence des principes de leur religion, abhorrent toutes figures, tableaux, statues et peintures, de sorte qu'ils n'en souffrent du tout. Pour moi, je crois qu'il conviendrait de présenter au Sultan quelques grands miroirs et belles glaces, une belle cimeterre artistement garnie de pierreries précieuses et surtout de grandes pièces de Chrysopras, telles qu'on en trouve en Silésie, bien polies et d'un beau vert, couleur que les Turcs aiment préférablement à toute autre, ou une ou deux pendules avec de belles boîtes dont le dessus soit bien artistement travaillé, mais sans figures incrustées d'or et de pareils colifichets.

Sur ce qui concerne les présents pour le Grand-Vizir, j'y penserai moi-même, quand j'arriverai à Meissen.

Quant à l'affaire de Hanau,1 dont vous me marquez que le Landgrave est entêté plus que jamais, vous savez les engagements que j'ai pris avec feu le Landgrave. Ces arrangements ont été garantis d'ailleurs par le roi d'Angleterre, les États-Généraux et par le roi de Danemark,2 ainsi qu'il ne nous reste que d'agir de concert avec ces puissances, pour ne pas nous exposer à des reproches et pour conserver la bonne foi. Tout ce que vous sauriez donc faire à ce sujet, pour ne point trop révolter le Landgrave, c'est de le flatter en termes vagues et ambigus, sans rien promettre, d'en communiquer avec le ministère britannique par le baron Knyphausen et de gagner du temps, en traînant la négociation au possible, à quoi le ministère britannique saurait mieux contribuer que tout autre. Voilà en gros mon avis; c'est à vous à penser aux moyens les plus propres pour remplir mes intentions et pour traîner au moins cette négociation, et d'informer de tout Knyphausen.

Federic.

Nach der Ausfertigung.


12022. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.

Freiberg, 20 avril 1760.

J'ai reçu la lettre de Votre Altesse du 17 de ce mois. Vous devez être persuadé que, si ce n'était pas la nécessité la plus pressante qui



1 Vergl. S. 159. 169.

2 Vergl. Bd. XI, 480.