<282> m'oblige à vous prier de me renvoyer à présent ici mes 10 escadrons de dragons,1 je n'aurais jamais pu me résoudre à faire cette démarche, qui n'a d'autre motif que l'extrême et inévitable besoin où j'en suis, pour pouvoir me soutenir contre les forces supérieures de mes ennemis; mais, dans la situation critique où je me trouve à cet égard, permettez, cher Prince, quand je ne suis pas cette fois-ci de votre sentiment. Il me semble par votre lettre que vous vous représentez mes circonstances dans un état beaucoup meilleur qu'elles ne le sont effectivement, et que mon embarras ne vous est pas tout-à-fait connu. J'ai eu l'année passée toutes les peines du monde de résister à l'ennemi avec tout ce que j'eus alors de troupes. Représentez-vous, je vous prie, que j'ai malheureusement perdu 35 escadrons dont je n'ai pu rétablir que ro, ainsi qu'il m'en manque 25 encore. Si je veux donc me soutenir aussi bien que mal, ne conviendrez-vous pas vous-même qu'il me faut ravoir cette cavalerie, pour ne pas succomber absolument ici en Saxe? Souvenezvous d'ailleurs que vous avez efficacement résisté à l'ennemi par deux corps d'armée l'année passée, où il faillit beaucoup que vous n'eussiez ce nombre de troupes que vous avez l'année présente à y opposer. Je vous laisse d'ailleurs 1000 hussards, dont j'aurais grand besoin, avec le bataillon franc; et les risques que vous sauriez courir en tout cas, en perdant ces 10 escadrons, n'égalent certainement en aucune façon ceux que j'ai à essuyer ici.

A la vérité, les apparences pour parvenir à la paix recommencent à être favorables, mais saurais-je [me] soutenir jusqu'au temps que cette paix sera constatée, sans ce petit secours et celui que vous me donnerez? La paix faite avec la France, ne viendrait-elle pas trop tard, quand on m'aurait accablé avant cet évènement? J'avoue que je le fais à mon grand regret, quand je vous redemande ces 10 escadrons, mais la dernière nécessité m'y oblige, de sorte que je ne saurais faire autrement que de vous prier de me les renvoyer à présent et de leur faire prendre leur route par Leipzig. Je me flatte que, vu la situation où je suis, vous vous y prêterez de bon cœur.2

Federic.

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin.


12023. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A LONDRES.

Freiberg, 21 avril 1760.

Je vous fais cette lettre pour vous informer que, quoique je n'aie épargné ni soins ni dépenses pour réparer la perte que la malheureuse



1 Vergl. S. 278.

2 Dem Generallieutenant Herzog von Holstein-Gottorp wird, Freiberg 20. April, unter Hinweis auf die oben geltend gemachten Gründe, der Befehl ertheilt, mit den beiden bei der Armee des Prinzen Ferdinand stehenden preussischen Dragonerregimentern an dem vom Prinzen Ferdinand „dazu zu determinirenden Tag“ aufzubrechen und über Leipzig zum Könige zu marschiren.