<357> sieur Porter, jusqu'à médire; que, dès le commencement de sa négociation et jusqu'au moment présent, il avait eu plus à craindre du sieur Porter que de tout ce qu'il y avait là des ministres des puissances ennemies, et qu'il n'y avait que huit jours passés alors que le dernier s'était expliqué tout nettement et en termes exprès vers le secrétaire de l'interprète de la Porte, quand celui-ci avait eu à lui parler sur d'autres affaires, que Dieu le préserverait d'inspirer à la Porte d'entrer en quelque guerre et d'interrompre la tranquillité où elle se trouvait avec les puissances voisines; qu'il n'avait eu aucun ordre de sa cour de s'intéresser le moindrement pour moi à cet égard, et qu'il se garderait bien de le faire jamais.

Voilà ce que je ne vous dis cependant que pour votre unique direction, avec défense expresse de n'en parler du tout aux ministres anglais. Nonobstant cette conduite peu équivoque du sieur Porter, toutes les apparences sont que la Porte signera son traité défensif avec moi et qu'elle opérera ensuite quelque diversion en ma faveur. Si une fois cela sera arrivé, je ne serai guère en peine du dépit secret que le ministère anglais en ressentira; peut-être il n'y a eu principalement que ce moyen pour me soutenir contre toutes les forces supérieures ennemies que j'ai seul sur les bras de tout côté; et, si ledit ministère s'en avisera bien, il trouvera lui-même que ce soit un des moyens des plus efficaces pour ramener d'autant plus tôt la France et ses alliés à se prêter à une paix juste et raisonnable.

Quant à l'article de vos dépêches relativement au rappel de mes 10 escadrons de dragons de l'armée alliée,1 vous devez vous représenter vous-même combien il m'a coûté à procéder à cette démarche dont je me suis d'abord représenté quelques inconvénients. Mais ne serait [-il] pas extrêmement dur qu'après les malheurs et les pertes que j'ai essuyés l'année passée, je dusse me laisser accabler impunément des forces ennemies, sans me servir des moyens que j'ai pour faire face encore à mes ennemis? J'écrirai une lettre de ma main propre au roi d'Angleterre2 pour lui en indiquer toutes mes raisons. C'est sans fondement ni raison que le prince Ferdinand de Brunswick a fait bruit de cette chose. Il aura cette année-ci, comme il en convient lui-même, 90 000 hommes sous ses ordres; ce qu'il aura de l'ennemi vis-à-vis de lui, sera 110000 ou 120000 Français effectifs: voilà, par conséquence, la proportion de trois contre quatre. Au lieu que tout ce que je puis mettre en campagne, seront 110000 hommes, et que j'aurai vis-à-vis de moi en troupes autrichiennes, russes, de l'Empire et suédois, au delà de 200000 combattants, de sorte que cela fait à mon égard la proportion d un contre deux. Nonobstant cela, je laisse à la disposition du prince Ferdinand les escadrons de hussards, le bataillon franc, avec le reste de ce que je lui ai joint, et, dès que je serai, tant soit peu, sorti de mon



1 Vergl. S. 331. 332.

2 Nr. 12093.