<372> La Haye, que le comte d'Affry voudrait rentamer la négociation de paix avec l'Angleterre sur un autre pied; car, selon le rapport de Hellen,1 le susdit ministre a répondu à M. Yorke, quand il lui a dicté la déclaration ferme de l'Angleterre,2 qu'il ne regardait cependant pas la négociation à La Haye comme rompue et qu'il espérait que le roi de la Grande-Bretagne trouverait conjointement avec le Roi les moyens de rendre à l'Europe sa tranquillité; qu'il avait reçu la permission de faire un tour à Versailles, qu'il comptait d'être absent pour un mois et que, si M. Yorke recevait en attendant quelque réponse de Londres, il le priait de la lui écrire, ou directement au duc de Choiseul ou par le canal du marquis de Grimaldi.3 Sur quoi, M. de Yorke lui ayant répondu qu'il croyait qu'il ne recevrait absolument rien sur cette déclaration vague qui ne semblait guère calculée à se rapprocher davantage, et qu'il pouvait assurer à son arrivée à Versailles d'avance, ajoutant et lui répétant de nouveau, que l'Angleterre ne pouvait ni ne voudrait jamais traiter, sans y comprendre ses alliés et nommément moi, ledit comte d'Affry a répliqué par ordre à M. Yorke que la France avait toujours entendu que le but de son accommodement particulier dût être d'effectuer par là une pacification générale en 'Europe, et que Sa Majesté Très-Chrétienne ne serait même pas contraire de stipuler d'avance par un article préliminaire que, d'abord qu'on serait tombé d'accord sur l'arrangement de la querelle particulière, l'on agît de concert pour pacifier les autres parties belligérantes.

Le sieur de Hellen ajoute à tout ceci qu'ayant rencontré le comte d'Affry à une fête que le prince de Weilburg4 avait donnée aux ministres étrangers, il l'avait accosté pour lui souhaiter un heureux voyage, en ajoutant qu'il se flattait qu'il apporterait des instructions plus pacifiques à son retour, il lui avait dit que les intentions de sa cour étaient les plus sincères pour la paix et même de contribuer à me faire sortir d'affaire; que la chose n'était difficile que quant à la forme; qu'il ferait un rapport exact et fidèle de la situation et dirait son sentiment au risque de tout ce qui pourrait lui en arriver; qu'il ne croyait cependant pas la chose possible sur le pied que l'Angleterre le voulait; et que le comte d'Affry avait lui donné à entendre encore, quoique en termes très vagues, qu'on pourrait peut-être parvenir à comprendre les pays de Clèves et cetera, comme faisant en quelque façon partie de la guerre avec l'Angleterre, si la chose ne tenait qu'à cela.

Mon petit sentiment sur tout ceci est que les ministres anglais veulent volontièrement poursuivre, comme de raison, la campagne par le motif des grandes avantages qu'ils ont obtenus sur les Français, afin de ruiner de fond en comble le commerce de la France et accabler ses possessions aux Indes, de sorte que je présume que toute cette



1 D. d. Haag 17. Mai. Vergl. Nr. 12109.

2 Vergl. S. 332.

3 Der spanische Gesandte im Haag.

4 Karl Christian Fürst von Nassau-Weilburg.