<373> négociation présente s'en ira tout-à-fait en fumée, d'autant plus qu'il se développe fort clairement [que]1 tout ce que la France fait insinuer de [son] désir pour le rétablissement de la paix, n'est fondé que sur des propos vagues et artificieux pour faire illusion à l'Angleterre et mettre de la division entre elle et ses alliés, comme M. Pitt l'a d'abord très judicieusement pénétré.2 Aussi je me tiens au sentiment que ce digne et éclairé ministre vous a déclaré à ce sujet en conséquence de vos Tapports antérieurs, et je veux bien vous dire tout nettement que, si les Français restent dans le principe et s'imaginent que la paix doit se faire à mes dépens, ils se font illusion et que jamais et du tout je ne consentirai à de pareilles conditions, tant3 qu'il me restera la moindre espérance de pouvoir tirer des secours de la Porte Ottomane. Si malheureusement cette ressource me devait manquer, ce dont il faut que je sois instruit de l'un ou de l'autre cas positivement vers la mijuin et avant le retour du comte d'Affry à La Haye, et avant qu'il pourra faire de nouvelles propositions, ce sera alors toujours le temps d'y penser et de me relâcher ou non, selon les circonstances où se trouveront les affaires.

Voilà ce que je vous dis, quoique pour [votre] seule direction. Au surplus, je ne saurais vous cacher la conduite ridicule avec laquelle le maréchal Daun se prend en commençant sa campagne, en retirant d'ici les corps de Laudon, de Beck et de Hadik pour les faire rentrer en Bohême, sur des appréhensions qu'on lui a inspirées d'un concert pris entre mon frère Henri et le prince Ferdinand de Brunswick, de tomber tout d'un coup chacun de sa part sur la Bohême et se réunir vers Prague. Ce qui me vient fort à propos et rend meilleure en quelque façon ma situation.

Federic.

Nach dem Concept.


12111. AU SECRÉTAIRE VON DER HELLEN A LA HAYE.

Camp de Meissen, 26 mai 1760.

Secret. D'autant qu'il me parait et mes nouvelles de différents lieux me le confirment que la méfiance et les soupçons continuent de se mettre de plus en plus entre les puissances liguées contre moi, la France, la Russie et les Autrichiens, je crois ne devoir pas négliger tout-à-fait cette occasion pour [les] nourrir et augmenter, autant qu'il dépend de moi.

C'est à cette fin que je vous ordonne que vous devez tâcher, adroitement et par main tierce ou quatre [de trouver] des gens dont le ministre autrichien à La Haye ne se défie pas, et qui sont dans une espèce de liaison ou de connaissance avec lui, auxquelles vous ferez insinuer habilement et par d'autres, sans que vous y paraissiez le moindrement, de



1 In der Vorlage „par“ .

2 Vergl. Nr. 12032.

3 In der Vorlage: tandis.