<39> paix se conclue, d'ailleurs, à des conditions raisonnables, je ne m'opposerai pas à ladite condition. L'on ajoute, secondement, que la France souhaitait que je donnasse quelque léger dédommagement au roi de Pologne-Saxe. Quant à ce point, je vous dirai qu'il ne faudra jamais s'attendre à ce que je me prêtasse à la moindre cession du mien, ni de mes possessions d'avant le commencement de la guerre à la cour de Saxe ou à qui que ce soit; mais vous vous souviendrez de la proposition que je vous ai déjà écrite dans une de mes dépêches antérieures,1 qu'on saurait stipuler au roi de Pologne l'acquisition et la cession de la ville d'Erfurt avec son territoire en Thuringe, qui pourrait servir à son dédommagement que la France souhaite.

L'on me mande, de plus, que la France voudrait rendre à l'Angleterre la Minorque, mais qu'elle souhaitait qu'on lui remet le Canada avec l'île de Guadeloupe; qu'en revanche elle céderait à l'Angleterre toutes les îles et possessions que celle-ci avait conquises durant cette guerre aux côtes d'Afrique; qu'au surplus l'envie de se tirer hors de cette guerre était forte à la cour de France, mais, s'il n'y aurait pas moyen d'y parvenir à présent, elle ne ferait la campagne qui vient aucun armement par mer, mais mettrait tous ses efforts et emploierait toutes ses forces par terre.

Vous ne manquerez pas de parler de tout ceci et d'en communiquer fidèlement à M. Pitt, en le priant de ma part de vouloir bien me communiquer confidemment ses idées sur ces propositions, au sujet desquelles je n'entrerais en rien, sinon que je croyais qu'en fidèle allié de l'Angleterre je devais en prévenir M. Pitt pour l'en avertir, et que je ne ferais jamais autre usage des idées qu'il voudrait bien me communiquer en confidence, que celui qu'il désirerait lui-même de moi; mais que, s'il croyait qu'il y en avait parmi ces propositions des acceptables à l'Angleterre, je me flattais que je serais peut-être en état de contribuer, en fidèle allié d'elle, qu'elle saurait parvenir à son but pour un accommodement avec la France et pour la paix à constater.

Faites-moi réponse à tout ceci le plus tôt que vous le saurez faire, par le courrier qui vous portera cette dépêche, et tâchez surtout de me bien instruire de la façon de penser des ministres anglais et en particulier du digne M. Pitt sur la paix à faire et sur les conditions auxquelles on voudra s'y prêter, afin que je sois seulement au fait de ce qu'ils veulent.

Federic.

P. S.

Voici des idées pour la paix qui se présentent à mon esprit. On ignore si la France a promis quelque agrandissement à la reine de Hongrie, mais supposant que cela fût, il paraît qu'on pourrait la contenter, en lui donnant quelque canton en Bavière; la branche électorale



1 Vergl. Bd. XVIII, Nr. 11533.