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12159. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Au camp de Meissen, 11 juin 1760.

La lettre que vous m'avez faite du 8 de ce mois, vient de m'être rendue. Je vous prie de ne pas ajouter entièrement foi aux avis qui vous annoncent que ce soit le gros de l'armée russe qui est à Posen; ce n'est qu'un détachement de 18000 hommes qui va du côté de Colberg.

J'ignore votre projet,1 mais, s'il tient au charriage de la Poméranie, je crains fort qu'il ne vous réussira pas. Si c'est pour apporter des fourrages avec vous, vous n'en aurez pas besoin, parceque, à présent, tous les champs sont pleins de verts et peuvent être fourrages.

Vous envisagez trop bien ce que je dois faire ici et ce que les circonstances m'obligent d'entreprendre. Il est impossible que je laisse Daun à ma derrière, ou bien tous mes magasins; le corps de Hülsen, que je laisserai ici dans mon camp retranché, la Saxe et Berlin seraient perdus : il faut donc de nécessité que j'engage une affaire. Si ces gens ne font pas mine de venir à moi, lorsque je prendrai le chemin de Radeberg, il ne me reste que de les attaquer dans leur camp de Reichenberg; tout ce qu'ils pourront opposer là, sera tout au plus 32 ou 34 bataillons. J'ai campé au même endroit,2 et l'idée du terrain m'en est restée toute fraîche dans ma mémoire : du côté où je veux venir à eux, les hauteurs sont pour nous, il n'y a ni retranchement ni rien, de sorte qu'il y a moyen de se natter que nous pourrons réussir dans une occasion que sera celle-ci, ou qu'il n'en sera jamais rien. Ce sera le 18 ou le 19 au plus tard que l'affaire sera décidée.

Je ne manquerai pas de vous informer de tout ce qui sera passé. Si je suis heureux, je tâcherai de profiter de mes avantages, autant qu'il me sera possible, pour ruiner les affaires des Autrichiens dans cette province-ci, et je pourrai être le 28 ou le 29 sur les frontières de Silésie.

Federic.

Nach der Ausfertigung.


12160. AN DEN GENERAL DER INFANTERIE BARON DE LA MOTTE-FOUQUÉ.

Im Lager bei Meissen, 11. Juni 1760.

Der Generalmajor von Zastrow wird Euch sonder Zweifel, wie Mir,3 gemeldet haben, dass Laudon mit seinem Corps den 5. dieses in der Nacht von Frankenstein aufgebrochen und über Silberberg nach



1 Der Prinz hatte geschrieben: „J'ai formé un projet lequel, s'il réussit, pourra être fort avantageux; je crains seulement que, faute de chariots dans la Poméranie, je ne puisse agir comme je veux.“

2 Im September 1758. Vergl. Bd. XVII, 471.

3 Bericht Zastrows, d. d. Schweidnitz 8. Juni.