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12221. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.

Au camp de Gross-Dobritz, 26 juin 1760.

Hier vers le soir, les Autrichiens célébrèrent une fête dans leur camp ici pour une victoire, à ce qu'ils ont débité, que Laudon doit avoir remportée le 23 de ce mois sur le général Fouqué, qui avait repris sur les Autrichiens le poste de Landeshut, qu'il leur avait abandonné un peu trop à la légère, il y a douze ou quinze jours à peu près. J'ignore absolument jusqu'ici ce que c'est que cette affaire avec Fouqué, puisque les dernières lettres que je viens de recevoir aujourd'hui encore de la Silésie, sont du 22 et ne m'apprennent autre chose, sinon qu'après que Laudon, sans avoir reçu son artillerie de siège, avait donné l'assaut à différentes reprises sur Glatz, la nuit du 18 au 19, [il] avait été repoussé avec perte de quelques milliers d'hommes et surtout de presque tout son corps de grenadiers, et qu'il avait abandonné Glatz pour rentrer avec la plus grande partie de ses troupes dans les montagnes de la Silésie du côté de Gottesberg, et qu'il avait fait occuper, avant même de rentrer en Silésie, par les généraux Gaisruck et Jahnus le poste de Reichhennersdorf1 et les deux côtés par le corps de Wolffersdorff à Hartmannsdorf et Wittgendorf.2 Voilà à peu près tout ce que je sais jusqu'à présent de cette affaire; il faudra voir ce que les premières lettres m'apporteront d'ultérieur.

Admirez, en attendant, quelle complication d'incidents, a causé le malheur de Fouqué, si les bruits que les Autrichiens en ont fait courir, se confirment. Fouqué marche sur Landeshut, d'où il chasse l'ennemi; le même soir Laudon veut escalader Glatz. Après y avoir perdu 5000 hommes à peu près, Laudon lève le siège, arrive à Gottesberg. Fouqué l'ignore, Laudon fait occuper le poste de Hartmannsdorf et attaque, le 23, avec 30000 hommes Fouqué, qui n'a que 8 bataillons. Le reste ne serait pas surprenant. Vous voyez par là, cher Prince, que je ne me suis pas trompé, quand je vous ai prédit, il y a quelque temps, l'enchaînement de fatalités à mon égard qui se suivent, et l'opiniâtreté de la fortune à me persécuter.

Je tiendrai ferme, nonobstant cela, autant qu'il me sera possible.

J'ai pris aujourd'hui le camp de Dobritz, pour être plus rassemblé et en état de me bien battre, si l'occasion s'en présente.

Federic.

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin.



1 Südwestsüdl. von Landeshut.

2 Oestl. von Landeshut.