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12230. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A MAGDEBURG.

Quartier général de Dobritz, 29 juin 1760.

Préalablement faut-il que je vous dise qu'il faut absolument que vous ne disiez mot à qui que ce soit de tout ce qui suit.

Je vous ai déjà fait informer de la marche de Laudon en Silésie avec un corps de troupes d'environ 40000 hommes. Vous n'ignorez pas, d'ailleurs, l'échec que le pauvre Fouqué a essuyé contre lui avec sa petite troupe. Toutes ces circonstances me forcent, bon gré mal gré moi, et je ne saurais prendre aucun autre parti, que de marcher avec mon armée d'ici au secours de la Silésie. Je laisse ici dans mon camp de Meissen le lieutenant-général de Hülsen avec un corps de troupes, pour maintenir ma position de Meissen et en Saxe. Comme il ne faut pas douter que Daun me suivra avec son armée, laissant celle de l'Empire près de Dresde, je tâcherai de tout mon possible de l'attaquer chemin faisant et de l'engager à une affaire décisive. Si je réussis, cela commencera au moins à changer le triste état de mes affaires; si je suis malheureux, cela ne fera que prévenir ma catastrophe de quelques semaines.

Vous verrez vous-même par là que la correspondance entre nous cessera presque entièrement pendant ce temps. C'est pourquoi je vous en avertis, afin que vous ne m'écriviez point, jusques à ce que vous saurez avec certitude où je suis et quels succès mes entreprises ont eus.

Federic.

Nach der Ausfertigung.


12231. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.

Au quartier de Dobritz, 29 juin 1760.

La mauvaise et très critique situation dans laquelle je me trouve, surtout après l'échec que le général Fouqué a essuyé auprès de Landeshut, me force, bon gré mal gré moi, de marcher au secours de la Silésie et de voir, en même temps, si, chemin faisant, je saurais me battre avec l'armée autrichienne qui, sans doute, me suivra. Mes circonstances sont aussi malignes qu'il ne me reste qu'à prendre un parti désespéré, et, si je craignais que vous sauriez peut-être bientôt apprendre de fâcheuses nouvelles de moi, je n'y serais pas trop mal fondé. Je laisse ici, pour maintenir ma position auprès de Meissen et en Saxe, le général Hülsen commandant d'un corps de troupes qui à peine a 14000 hommes complets. Hadik avec l'armée de l'Empire, qui campent auprès de Dresde, ont 23 à 24000 hommes; ainsi jugez ce qui en saura devenir de tout ceci. L'armée russienne se met aussi en marche contre mes États de la Poméranie, [de la Nouvelle-Marche] et de la Silésie, [à la-