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12300 AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A MAGDEBURG.

Quartier de Dallwitz, 1er août 1760.

J'ai reçu en son temps vos dépêches du 28 et 29 de juillet passé; au sujet desquelles je vous dirai que, quant au plan proposé pour la Diète suédoise, je n'aimerais pas de jeter mon argent tout-à-fait gratuitement. Vous pourrez, si vous le trouvez convenable, arranger un rendezvous dans le pays de Mecklembourg avec celui qui s'est adressé à mon frère le prince Henri,1 pour entendre les explications sur son projet et les arrangements qu'il croyait prendre, afin que vous puissiez en juger ensuite. En attendant, ce ne sont pas présentement ces choses qui décideront, et qui changeront la situation présente des affaires : il n'y a que le sort des armes qui pourra le faire.

Je suis passé l'Elbe aujourd'hui matin à Hirschstein et ai pris mon camp ici sans la moindre opposition de l'ennemi. Le maréchal Daun avec Lacy et Brentano doivent être marchés en 3 colonnes vers Harthau. Je ferai demain jour de repos ici pour rassembler tout ce qu'il me faut pour ma nouvelle expédition. En cinq jours, je pense être aux frontières de la Silésie. Il est assez vraisemblable et presque hors de doute que, le 7 ou le 8, il se passera quelque affaire décisive dont j'espère pouvoir vous marquer alors l'évènement. Vous dites que j'en dois reculer le période. Vous n'y pensez pas assez. Si je reste les bras croisés, je ne [changerai rien] aux affaires, et mes provinces seraient, en attendant, envahies; et au bout du compte l'ennemi [m'enveloppera] ensuite de telle façon que je serai obligé de me battre contre lui sans la moindre apparence [de succès], afin de ne pas me rendre à discrétion.

Voilà les raisons qui m'obligent de commettre tout au sort des armes, [avant] que la Silésie soit entièrement envahie par l'ennemi, et que je sois entièrement accablé par des forces [rassemblées. Si mon dessein réussira, tout le théâtre de guerre se changera à notre avantage et nous pourrions]2 alors encore nous soutenir. Si les choses vont mal, il vaudra mieux mourir les armes à la main que d'être à la fin ignominieusement opprimés; et sûrement je ne survivrai pas à ma disgrâce. Toutes les négociations de paix seront, en attendant, en vain, et un empressement marqué de notre part ne ferait que blanchir et ruiner entièrement nos affaires, de sorte qu'il faut nécessairement que les armes en décident au préalable. Si la Fortune me seconde, les Suédois aussi bien que les Français se prêteraient d'autant plus facilement à la paix; sinon, ce ne sera pas ma faute, ayant employé tous les efforts humainement possibles pour changer au mieux notre sort. #Je crois que vous pénétrerez assez, par la conduite que tient le



1 Vergl. Nr. 12287.

2 Die eingeklammerten Worte nach dem Concept.