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Vous verrez en peu de jours à quoi se détermineront les Russes. On nous dit ici qu'ils manquent de vivres; je vous prie de voir si vous ne pourrez pas les resserrer et les chasser par la faim : il faut employer dans cette occasion toute sorte d'armes pour nous tirer d'embarras. Je comprends cependant bien que ce que je vous propose, est presque impossible, vu la supériorité de l'ennemi en troupes légères; enfin, je m'en repose bien sur vous, et je suis très persuadé que vous ferez tout ce qui dépendra de vous pour nous délivrer de ces barbares. Ayons patience et voyons comment tout ceci se tournera; il nous faut encore beaucoup de fortune, et je vous avoue que je me défie prodigieusement de mon étoile.

Je vous embrasse de tout mon cœur en vous assurant de la tendresse infinie avec laquelle je suis, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.


12328. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.

Au quartier général de Hermannsdorf, 24 août 1760.

Le sieur Wyse, porteur de la présente lettre, Irlandais de nation, s'est trouvé ci-devant au service de l'Autriche et y a été placé encore pendant cette campagne comme officier. Il prétend y avoir essuyé tant de dégoûts, et les mortifications que lui a données le général Laudon, doivent avoir été au point qu'il s'est cru obligé de prendre le parti de se retirer du service autrichien.1

Après s'en être dûment procuré le congé, il s'est vu dans la nécessité de s'écarter de ses persécuteurs, et, son chemin l'ayant mené à travers de mes troupes, j'aurais peut-être tâché de l'engager à mon service, sans la judicieuse remarque de sa part que sesdits persécuteurs en pourraient prendre occasion de le blâmer et de lui imputer une indiscrétion qui aurait occasionné la défaite de l'armée de Laudon.

C'est pourquoi je n'ai pu m'empêcher de l'adresser, en conformité de sa prière, à Votre Altesse, afin qu'Elle voulût bien avoir la bonté de l'employer, selon ses talents et son génie, dans l'armée sous Ses ordres. Je le recommande à la protection de Votre Altesse comme un officier éveillé, et qui marque beaucoup de bonne volonté.

Federic.

Cette recommandation ne vaut que le prix que vous y mettrez.

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin. Der Zusatz eigenhändig.



1 Vergl. J. Kutzen: Der Tag von Liegnitz, S. 60 ff.