<64> pousser la guerre avec toute la vigueur possible, et pour faire prendre une tournure des plus avantageuses aux affaires, le général Laudon va assembler une armée de 25 à 30000 hommes pour tâcher de pénétrer en Saxe, pour tourner les ennemis et leur couper les vivres qu'ils tirent de la Thuringe et du plat pays. Sa Majesté l'Impératrice-Reine se promet une heureuse issue de cette entreprise et se flatte d'obliger le roi de Prusse à se retirer au delà de Torgau. On attend le succès de cette entreprise avec impatience, afin de donner des quartiers d'hiver aux troupes. Il se ménage une entreprise de conséquence entre nos troupes et celles de l'Impératrice-Reine. Le général Daun demande que le maréchal duc de Broglie soit chargé de cette expédition et qu'on lui donne des troupes étrangères. Celte affaire n'est point encore déterminée et ne le sera qu'après qu'il sera résolu d'assembler le congrès ou de le refuser.

Tâchez de savoir au juste et précisément les demandes des Anglais, afin qu'on sache positivement quel parti prendre. Il n'est pas encore décidé si le maréchal de Soubise commandera sur le Bas-Rhin. Bien des gens le veulent, mais d'autres pensent différemment. Je ne peux encore rien dire de positif de l'Espagne; Sa Majesté Catholique n'est encore décidée à rien de formel pour nous.

de Paris, du 18 janvier.

La cour est toujours indécise sur le parti qu'elle doit prendre. La paix lui paraît avantageuse, mais les partisans autrichiens s'y opposent de toutes leurs forces. Le maréchal duc de Broglie ne pense pas de même, quelque obligation qu'il ait à la maison d'Autriche. Ce maréchal, qui se réconcilie peu à peu avec le vieux Belle-Isle, a écrit à ce ministre, qui l'avait consulté sur ce qu'il pensait de la paix, que, pour lui, si on lui demandait son conseil sur ce qu'il conviendrait de faire dans les circonstances présentes, il ne balancerait pas un instant de conseiller à Sa Majesté d'accepter le congrès et de nommer des ministres en état d'y ménager les intérêts du Roi; qu'on se promettait beaucoup de la campagne prochaine, mais que l'issue n'en serait peut-être pas telle qu'on se le promettait. Le vieux Belle-Isle a fait voir cette lettre au Roi, et Sa Majesté lui a dit que Broglie se faisait reconnaître en tout pour un honnête homme, mais que, puisque Sa Majesté se trouvait en alliance avec l'Impératrice-Reine et l'électeur de Saxe, sa bonne foi et l'amitié qu'elle avait pour madame la Dauphine, l'obligeaient à ne point entrer en conférence avec leurs ennemis que de concert avec ses alliés. Cette résolution est une suite des démarches du duc de Choiseul, qui a gagné les principaux courtisans, qui ne prêchent que la bonne union avec la cour de Vienne. Le fameux maréchal de Soubise est aussi du nombre des bons Autrichiens, qui sont peut-être les plus grands ennemis de l'Etat. Le vicomte d'Aubeterre1 pense comme tous les bons Français dans cette occasion, comme il paraît par ses dernières dépêches, dans lesquelles il marque que, dans une entrevue particulière avec le roi d'Espagne, ce monarque lui avait demandé à quoi se déterminerait le Roi dans les circonstances présentes, et qu'il lui avait répondu que peut-être Sa Majesté, conseillée par des amis de la cour de Vienne, se déciderait pour continuer la guerre, et que Sa Majesté Catholique ne lui avait rien répondu. Ces circonstances sont extrêmement embarrassantes, et on gémit sur l'effusion du sang innocent pendant la campagne prochaine.

de Paris, du 18 janvier.

II y a une négociation sur le tapis entre la cour de Versailles et celle de Vienne pour écraser le roi de Prusse dès l'ouverture de la campagne, et que le duc de Broglie doit se rendre en Saxe avec 40000 hommes pour seconder le maréchal Daun.

Nach dem Concept. Der Zusatz eigenhändig auf der im übrigen chiffrirten Ausfertigung. Die Beilagen nach einer Abschrift.



1 Der französische Gesandte in Madrid.