11753. AU GÉNÉRAL DE L'INFANTERIE BARON DE LA MOTTE-FOUQUÉ.

Pretzschendorf, 11 janvier 1760.

La malheureuse affaire de Finck a si fort changé les affaires qu'il faut, mon cher Fouqué, que je vous mette bien au fait de ma situation, pour que vous puissiez d'autant mieux agir de concert avec moi.

Depuis que ce malheur nous est arrivé, l'ennemi s'obstine de soutenir Dresde, ce qui m'oblige à me cantonner cet hiver tant à Wilsdruff qu'à Freiberg. J'ai à la vérité reçu des secours de mes alliés, mais ce n'est qu'un renfort passager. Je n'ai pas pu attaquer le poste de Dippoldiswalde, trop fort pour être brusqué et n'ayant que deux chemins creux par où l'on pouvait entamer l'ennemi. Mon neveu retournera en peu de jours du côté de Langensalza pour être à portée de rejoindre le prince Ferdinand, si ses circonstances l'exigent. Je n'ai que Czettritz avec 1600 chevaux de l'autre côté de l'Elbe.

L'ennemi a tiré du corps de Harsch et de Laudon huit à dix mille hommes qui l'ont joint auprès de Dresde. Il faut donc avoir l'œil sur la Lusace. Schmettau18-3 n'est pas assez fort pour leur donner de<19> l'ombrage. Il me semble donc que les circonstances présentes demandent que vous ne laissiez en Haute-Silésie qu'un corps proportionné à celui que Laudon a laissé en Moravie, que Goltz pourrait commander, et qu'avec le reste vous vinssiez renforcer le Schmettau. Jahnus n'est, à ce qu'on m'écrit, qu'avec quatre à cinq mille hommes à Trautenau; Schenckendorff suffirait donc à Landeshut avec 4 ou 5 bataillons, et vous pourriez occuper Lœwenberg, Lauban et Gœrlitz avec une tête et nourrir, autant que possible, votre cavalerie de la Lusace. Cette position ôtera l'envie à l'ennemi d'envoyer ou vers Kottbus et19-1 plus loin, et lui fera même faire des réflexions, avant que d'aventurer un corps jusqu'à Torgau, et en même temps votre corps sera à portée, s'il le faut, pour s'opposer aux Russes.

Je vous recommande, d'ailleurs, d'employer tous vos soins à recompléter tous ces régiments qui sont en Silésie, à les tenir sous une discipline sévère et à les mettre en état de bien servir le printemps qui vient, car la paix ne me paraît pas assez avancée pour que l'on puisse compter sur elle.

Voilà ce que je peux vous dire en gros. Ma situation est affreuse, mais il faut faire son devoir, et s'il faut périr, que ce soit l'épée à la main et en immolant à notre vengeance le plus d'ennemis que nous pourrons.

Adieu, mon cher ami; quand vous serez dans notre voisinage, je pourrai vous en écrire davantage. Soyez persuadé de mon amitié et de toute mon estime.

Federic.

Nach der Ausfertigung im Kaiserl. und Königl. Kriegsarchiv zu Wien. Eigenhändig.



18-3 Auf einem Berichte von Schmettau, Lauban 10. Januar, finden sich die Weisungen: „Sein Dessein ist recht gut; aber Patrouillen vorwärts gegen Feind zu poussiren; sehen, ob nicht beunruhigen oder was anhaben kann; absonderlich sehen, auf der Seite von Spremberg zu reine zu halten. Laudon . . . eher was hier gegen sächsischer Seiten tentiren.“ — Auf einem Berichte von Czettritz, Cossdorf 12. Januar, findet sich die Weisung, er solle Dingelstedt „mit 500 Pferde nach Spremberg schicken, die Gegend vom Feinde reine machen, vielleicht auch surpreniren, sofern nicht alles Zeugs wegginge“ .

19-1 So.