11814. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A LONDRES.

Freiberg, 8 février 1760.

Dem Gesandten wird der Empfang des Berichtes vom 22. Januar bestätigt.

Par de bonnes lettres que j'ai vues de Londres, l'on me fait observer qu'il ne fallait pas que je décourageasse les ministres anglais, d'ailleurs très bien intentionnés pour moi et pour mes intérêts.

Je me souviens de vous avoir instruit au fond de ma situation présente,76-1 qui n'est pas à la vérité riante et à badiner là-dessus, et qui ne me saurait promettre de grands avantages pour la campagne qui vient, mais vous vous souviendrez, à votre tour, que j'ai fait tout cela sous la restriction expresse que ce n'était que pour votre direction seule, et que vous n'en ferez autre usage envers le chevalier Pitt et envers les autres ministres que celui que vous trouverez convenable, et sans choquer la délicatesse de ces gens.

Je suis persuadé de votre prudence et de votre savoir-faire et, me flatte que, selon la connaissance que vous avez de la façon de penser desdites gens, vous ne leur en aurez plus dit que ce qui leur fallait, sans les rebuter, ni sans les intimider; mais, comme cependant ledit avis me revient de différents lieux, savoir qu'il ne fallait pas que je décourageasse moi-même ces gens, il faut bien que je vous en avertisse et que [je] vous dise de prendre bien garde dans vos entretiens que vous ne découragiez pas les ministres, en leur représentant l'état de mes affaires, tout comme celui des alliés en Allemagne, comme absolument ruiné et à n'en pouvoir plus s'en relever; car cela ne saurait faire qu'un très mauvais effet sur leur esprit et animerait même nos ennemis, s'il en transpirerait quelque chose dans le public. Ce que je vous en ai écrit, est la vérité toute pure; je l'ai fait pour votre information et votre direction, mais il faut que, nonobstant cela, vous aussi bien que le sieur Michell mesuriez vos termes et les accommodiez au génie des ministres à qui vous trouvez convenable d'en parler; sans cela, vos insinuations opéreront un effet tout contraire à celui que j'en attends et désire. Si j'avais voulu dissimuler entièrement ma situation et donner<77> de grandes idées des avantages de notre campagne qui vient, cela aurait été faire illusions aux susdits ministres et même les tromper et les induire à des démarches fausses; mais avec tout cela il faut que vous y agissiez avec modération, et sans les heurter de front. Je fais tous les efforts possibles pour rétablir mon armée et mes affaires, je m'opposerai vivement à ceux que l'ennemi voudra faire, rien ne sera oublié de ma part de ce qui contribuera à me soutenir efficacement; il n'y a que les événements qui en décideront et une trop grande supériorité des forces des ennemis que j'aurai à appréhender, si la France n'en sera pas détachée.

Je ne saurais vous laisser ignorer que je viens de recevoir aujourd'hui encore l'avis que la cour de Vienne par ses sollicitations importunes à Pétersbourg venait d'obtenir de celle-ci des ordres au général Rumänzow à ce qu'il devait, avec un corps détaché des troupes russes, marcher vers le printemps encore, pour faire une diversion dans mes États et passer en Saxe.77-1 J'ai pris préalablement mes mesures, si effectivement cette entreprise devait avoir lieu; mais au bout du compte, ce sera la trop grande multitude qui m'embarrassera, et à laquelle je serai en peine de faire face de tous côtés. Je vous avertis encore de ne faire qu'un usage prudent de cet avis-ci.

Federic.

Nach dem Concept.



76-1 Vergl. Nr. 11733.

77-1 Vergl. s. 75.