11928. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A LONDRES.

Freiberg, 20 mars 1760.

La bonne nouvelle que vous m'avez donnée en conséquence de vos rapports du 4 et du 7 de ce mois de l'avantage complet que le capitaine Elliot a emporté sur le sieur Thurot à la hauteur de l'île de Man,185-4 m'a fait ressentir un plaisir sensible d'apprendre, dont vous ne manquerez pas de faire des compliments de congratulation bien sincères partout où vous saurez le convenir. J'apprends même avec bien de la satisfaction les succès que la nation continue d'avoir dans les Indes.

Mais quant à moi ici, je n'en saurais vous mander encore rien de bon, vu que je suis toujours dans les mêmes embarras et dans cette situation gênante par trop de supériorité de mes ennemis, ce qui est cause que mon régiment de carabiniers à cheval a pensé essuyer depuis quelques jours encore un désastre.

Dem Gesandten wird von dem Ueberfall des Leibcarabinierregiments am 17. März in gleicher Weise Mittheilung gemacht wie dem Prinzen Ferdinand von Braunschweig. Vergl. Nr. 11927.

Vous aurez déjà vu ce que je vous ai mandé par ma dépêche d'hier,185-5 ce qui s'est passé dans la nouvelle conversation que M. Yorke a eue avec le comte d'Affry. Vous vous souviendrez de ce que je<186> vous ai déjà écrit, il y a quelque temps, de mon doute sur les intentions peu droites des Français d'entrer en négociation de paix.186-1 Ce qu'ils mettent en avant au sujet de la déclaration de la Russie qu'ils attendaient pour se déclarer, ne me parait être qu'une défaite toute pure pour amuser, et je crois ne pas me tromper, quand je conjecture qu'ils ne voudront qu'à nous amuser par là jusqu'à l'ouverture [de] la campagne ou jusqu'à ce qu'ils pourront démasquer tout d'un coup quelque dessein caché dont ils sont convenus avec leurs alliés ou autrement, afin de nous en imposer par l'éclat soudain. Si les Français sentaient une véritable envie pour sortir de la guerre, ils n'auront pu trouver une occasion plus convenable pour s'expliquer que la dernière susdite conversation, et on aurait pu procéder d'abord à convenir des points principaux par des préliminaires de paix et abandonner le reste au congrès. Mais, quand le comte d'Affry n'a tenu que des propos vagues et générais, en rejetant les longueurs sur la cour de Pétersbourg, dont cependant on peut juger d'avance ce que sa déclaration portera, par celle qu'elle a déjà fait faire, il y a quelques semaines, à l'Angleterre par le sieur Keith,186-2 voilà, je crois, d'assez bonnes raisons qui me persuadent que les Français ne visent jusqu'à présent que de nous faire leurs dupes.

Federic.

Nach dem Concept.



185-4 Am 28. Februar 1760. Vergl. Schäfer a. a. O. Bd. II, Abth. 1. S. 410.

185-5 Statt „d'avant-hier“ ; vergl. Nr. 11923.

186-1 Vergl. Nr. 11862.

186-2 Vergl. Nr. II 740.