11963. A LA DUCHESSE RÉGNANTE DE SAXE-GOTHA A GOTHA.

Die Herzogin von Gotha übersendet mit ihrem Schreiben, d. d. Gotha 28. März, das nachstehende „Memoire“ :

„II est notoire à quel point les cours de Vienne et de Dresde haïssent celle de Gotha, à cause du dévouement qu'elle a témoigné en tout temps pour Leurs Majestés les deux Rois alliés. La cour de Gotha a donc tout à craindre de leur ressentiment, même après la guerre. On espère cependant que, si la Providence protège la bonne cause, les Rois alliés voudront bien se souvenir de ses intérêts à la pacification, autant que les conjonctures le permettront. On est bien éloigné de prétendre qu'on doit embarrasser les négociations préliminaires par des objets étrangers et bien inférieurs à ceux qui regardent directement les parties belligérantes. Cependant, comme il importe de préparer de loin le terrain et de prévenir à temps les ministres qui ont part aux négociations, sur les besoins et désirs de ceux qu'on affectionne, pour profiter des occasions favorables qui se présentent quelques fois dans les discussions préliminaires, on se flatte de la bonté des Rois alliés qu'ils chargeront volontiers les ministres respectifs de prendre à cœur les intérêts de Gotha.

Il n'est pas douteux qu'à la paix particulière qui se fera peut-être entre les deux Rois alliés et la France, la cour de Dresde n'y soit comprise de façon ou d'autre. Ce sera toujours un des cas où il pourra être parlé des intérêts de Gotha, du moins relativement à la cour de Dresde, tant à l'égard de la haine qui y règne en généra! contre la cour de Gotha, que par rapport à plusieurs différends qui subsistent depuis longtemps entre les deux cours.“

<227>

Freiberg, 1er avril227-1 1760.

Madame. Vous m'ordonnez de vous dire mon sentiment sur [ce] que contient l'incluse. Je vous le dirai donc, Madame, avec toute la vérité que je vous dois, vous conjurant cependant de ne le pas prendre pour un oracle.

Et il me paraît que les choses ne sont pas encore assez avancées pour en venir là, parceque personne n'a jusqu'à présent dit son mot, et il nous convient d'attendre à quel point la France et l'Angleterre pourront s'accorder touchant leurs propres intérêts, qui vraisemblablement leur sont les plus proches; après quoi il sera temps que chacun dise son mot; et à en juger selon les apparences, ces discussions deviendront l'occupation du congrès. Ce qu'il y a de certain, c'est que les Impératrices ne veulent en aucune façon s'entendre à la paix et que, par conséquent, cette campagne aura lieu, quoi qu'il en puisse arriver. Quoique la charge me reste seul et que je garde le nord et le sud de l'Europe sur mes épaules, il en faut passer par là et s'en fier à la fortune, si l'on peut cependant sans présomption se fier à son inconstance. Si vous voulez donc vous fier à mes faibles lumières, je crois, Madame, qu'il ne sera temps de parler que lorsque nous aurons des nouvelles d'Angleterre qui marquent que les esprits se rapprochent, et qu'il y a apparence qu'on pourra convenir de la paix. Dès que mes nouvelles me le marqueront, je vous écrirai simplement que l'on disait que vous deviez depuis longtemps une réponse à la princesse de Galles,227-2 et que je croyais que cela lui ferait plaisir, si vous lui écriviez. Voilà mon sentiment, Madame, au vrai tel que je me le conseillerais à moi-même, si j'étais en votre place.

Le Mercure227-3 pourra être dans deux jours à Lo[ndres], d'où il pourrait bien encore repasser à Pa[ris]. Vous voyez que tout cela ne va pas aussi vite qu'on le désire; mais encore est-ce beaucoup, si l'on peut réussir. Je suis, avec la plus haute estime, Madame, de Votre Altesse le très fidèle cousin et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung im Herzogl. Haus- und Staatsarchiv zu Gotha. Eigenhändig.



227-1 An die Herzogin von Gotha ein Schreiben aus dem April ohne Tagesdatum in den Œuvres Bd. 18, S. 184.

227-2 Vergl. S. 40. Anm. 2.

227-3 Edelsheim.