11981. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.

Prinz Ferdinand übersendet, Paderborn 2. April, den nachstehenden Bericht des Grafen Choiseul, d. d. Wien 8. März:

„Vous avez pu connaître par mes lettres combien cette cour a eu de peine à goûter les propositions de paix faites par les ennemis. Un jour, le comte de Kaunitz me disait que la situation où étaient les affaires, ne permettait point de penser à la paix pour le présent, et qu'il fallait tâcher d'empêcher le Roi de se laisser aller à des propositions séduisantes. Les offres les plus avantageuses étaient faites pour retenir le Roi dans la guerre. Un autre jour, je le trouvai un peu mieux disposé à traiter de la paix. Enfin, aux instances que j'ai faites au nom du Roi, j'ai enfin déterminé cette cour à envoyer une réponse favorable à son ministre à La Haye. Il est vrai que M. de Kaunitz avait dit, il y a environ quinze jours, à M. de Burmania242-1 que l'Impératrice-Reîne enverrait des ambassadeurs et ministres plénipotentiaires au congrès; mais les pouvoirs de ces ambassadeurs devaient être bornés, et je suis venu à bout de les étendre jusqu'au point de faire la paix, si les circonstances l'exigent. Malgré ces bonnes dispositions, on n'y peut guère compter, si les armes de Sa Majesté Impériale et Royale réussissent. L'abaissement du roi de Prusse, qu'on voudrait réduire en quelque sorte au marquisat de Brandebourg, tient à cœur. L'Impératrice-Reine est convenue avec l'impératrice de Russie que l'impératrice de Russie retiendrait pour elle le royaume de Prusse, et que la plus grande partie de la Poméranie passerait sous la domination de la cour de Suède. Cette cour-ci se réserve la Silésie et cède au roi de Pologne quelques places qui sont à sa bienséance. Il faudra bien changer de système, si, comme vous me le marquez, l'Angleterre veut inaintenir le roi de Prusse dans toutes ses possessions.

Je suis charmé que les demandes des Anglais soient raisonnables et qu'il en coûte peu au Roi, pour se tirer d'affaire et d'une guerre aussi ruineuse que celle-ci.

Faites-moi le plaisir de me marquer si vous pourriez établir une suspension d'armes; pour ici, on n'en veut point entendre parler. On forme un très beau plan d'opérations qui ruinerait le roi de Prusse, s'il s'exécutait.“

Gleichzeitig übersendet der Prinz das folgende, nicht datirte, Schreiben Rouilles aus Paris:

„On ne s'entretient plus ici que des moyens de faire la paix. Le Conseil délibère souvent sur ce qu'il convient de céder, et de ne pas céder. Tous les membres sont d'avis de céder sans difficulté tout ce que les Anglais demandaient avant la guerre, mais on voudrait tâcher de ravoir Québec et la plupart des possessions qui nous appartiennent de droit. On insiste surtout sur la restitution du Cap-Breton et des îles adjacentes, et on se propose d'échanger cet établissement avec l'île de Minorque. Le Cap-Breton est plus nécessaire pour la France que cette île. On voudrait bien aussi ravoir la Guadeloupe, parcequ'on en connaît présentement toute l'importance; mais cet article est délicat à toucher, d'autant plus que les Anglais connaissent tout le tort que cette île peut nous faire. Il paraît que la cour de Madrid s'intéresse pour nous, notre ambassadeur242-2 le mande dans sa dernière dépêche; mais, pour moi, j'en doute: je connais trop bien le génie de M. Wall, qui est toujours tout entier dans les intérêts de la puissance qui l'a mis à la tête des affaires.<243> D'aiileurs, il n'ignore pas ce que notre cour a fait pour l'éloigner des affaires d'Espagne.

Le duc de Broglie a des officiers généraux dont il n'est pas sûr. Aussi mandet-il dans toutes ses lettres qu'il faut établir une suspension d'armes, dès que le congrès sera réglé, parcequ'il prévoit qu'il se faudra donner bien des peines pour parer les coups que les ennemis cherchent à lui porter. Mais, comme cette suspension est douteuse, la plupart des régiments destinés à le renforcer se sont mis en marche.“

Endlich theilt der Prinz aus einem Briefe, den er „de bonne part“ erhalten habe, folgende Stelle mit:

„Daun est un homme irrésolu et rien moins qu'entreprenant. Il y a des régiments dans son armée, et même des meilleurs, qui ont fait chacun mille recrues l'année passée, et même davantage. La remonte lui est très difficile, et l'armée a furieusement souffert par la disette de vivres.“

Freiberg, 7 avril 1760.

Je reconnais, comme je dois, tous les détails que Votre Altesse me marque par les communications des avis intéressants qu'EUe me fait en conséquence de Sa lettre du 2 de ce mois, en vous assurant du secret religieux que je vous en garderai; vous voudrez bien agréer encore les remercîments que je vous en fais. Quoique la lettre de Choiseul à Vienne laisse entrevoir clairement la rage de la cour de Vienne contre ma maison, et combien de peines elle se donne pour animer davantage encore la Russie contre moi et de retenir la France dans ses liens, Votre Altesse s'apercevra cependant également par ladite lettre, et par celle de Rouillé, combien la France penche, malgré cela, à la paix, et je me flatte toujours qu'à la fin le charme dont les Autrichiens ont aveuglé jusqu'ici les Français, tombera entièrement, et qu'ils envisageront le péril dans lequel ils courent en se laissant conduire aveuglément d'une cour remplie d'aussi vastes projets que ceux de la cour de Vienne.

En attendant, ma situation présente n'est du tout pas favorable, ce dont Votre Altesse sera assurée; car les Autrichiens ont actuellement déjà 24000 hommes en Haute-Silésie, auxquels je ne saurais opposer que 9 bataillons; autour de Dresde ils ont 50000 hommes, et aux environs de Trautenau ils ont 6000 hommes; auprès de Zittau et Gœrlitz il y a 30000 Autrichiens, et ce qu'ils ont vers les quartiers des troupes des Cercles, destiné à les joindre, va à 10 jusqu'à 12000 hommes à peu près. Tandis que les Autrichiens agiront en Haute-Silésie, les Russiens tâcheront de pénétrer en Poméranie citérieure avec un corps d'armée de 60000 hommes, de sorte que, malgré tous les mouvements que je me donnerai, et nonobstant tous les arrangements que je puis faire, l'ennemi aura toujours deux portes ouvertes que je Jie saurais garder, savoir l'une du côté de Leipzig et l'autre du côté de la Haute-Silésie; mais, si la fortune voulait me seconder en sorte que la paix séparée de l'Angleterre avec la France saurait parvenir encore en peu à sa consistance, et que vous passassiez alors avec une partie considérable de votre armée sur le corps à l'armée des Cercles, pour la<244> chasser par le pays de Fulda et de Bamberg en arrière, vous pourriez alors assiéger Egra à votre aise, ce qui rejetterait l'armée des Autrichiens de la Saxe en Bohême et vers Prague, et je commencerais, en les suivant, alors à respirer et avoir les mains libres pour détacher ailleurs contre le danger le plus pressant. Mais, si ce secours me manque, et que les choses restent dans le même train où elles sont à présent, il ne saurait manquer que toute la machine s'écroule, et que je succombe au trop grand poids, de quoi personne ne saurait douter.

Voilà pourquoi je vous réitère mes instances, pour réfléchir sérieusement sur tout ce que je vous mande naturellement et en confidence; je me flatte d'autant plus de l'impression que cela opérera sur vous, que je puis vous dire, entre nous encore, que quand, sur votre avis, j'ai fait faire des instances auprès des ministres anglais et auprès du sieur Pitt pour l'envoi d'une escadre anglaise dans la Baltique,244-1 ils me l'ont refusé comme une chose à laquelle il ne fallait pas penser; mais, en revanche, ces ministres m'ont donné les assurances les plus fortes que, dans le cas d'une paix avec la France, l'armée entière sous vos ordres serait à ma disposition, vu l'agrément donné par la nation et tous les frais faits et accordés jusqu'à la fin du mois de novembre de la présente année. J'attends votre réponse, pour savoir à quoi m'en tenir244-2 ....

Federic.

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin.



242-1 Der holländische Gesandte in Wien.

242-2 Marquis d'Ossun.

244-1 Vergl. S. 194.

244-2 Es folgt die Genehmigung eines Avancements.