12067. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

[Au camp de Meissen, 8 mai 1760.]326-3

Chiffre à mon frère Henri!

Je crois que l'objet de la marche de Laudon326-4 sera peut-être de vous côtoyer et de vous empêcher de vous écarter de la Silésie pour aller contre les Russes. Lui et Beck ensemble, ils feront 30000 hommes; il se pourrait qu'ils aient le dessein de faire une marche, comme l'année passée, du côté de Francfort. C'est ce que vous ne pouvez pas souffrir, et il vous conviendra en ce cas de leur marcher sur le corps, pour empêcher cette jonction.

Pour moi, ce que je pourrai faire de mon côté, consiste dans le détachement que j'ai à Torgau, savoir tout le régiment de Zieten, avec Monjou, un bataillon franc; et si les 10 escadrons du prince de Holstein326-5 arrivent à temps, je formerai de tout cela un corps qui, si c'est le dessein de Laudon de marcher en Basse-Lusace, pourra le harceler<327> continuellement et même tomber sur lui, si vous veniez à engager une affaire. Voilà une idée.

Mais si Laudon doit pénétrer en Basse-Silésie, il attendra sûrement votre départ et n'entreprendra rien plus tôt. En ce cas, Fouqué sera obligé de se retirer pour couvrir Schweidnitz et Breslau, et je laisserai agir ces gens, car les nouvelles de Constantinople ne pourront arriver à Vienne que du 20 ou 25, et les ordres en conséquence n'arriveront aux armées que les derniers jours du mois. Si donc les Russes vous permettent de prolonger votre séjour à Sagan jusques au 25, je crois avoir gagné tout le temps nécessaire, pour que la campagne de nos ennemis soit totalement dérangée dès son commencement. Je vous prie de communiquer de cette lettre à Fouqué ce qui l'en regarde.

P. S.

Je joins les nouvelles327-1 que je viens de recevoir dans ce moment. Comme il paraît que les Russes ne feront rien sitôt, on ne peut prévoir de quel côté Laudon se tournera. S'il veut s'approcher du côté de Garlitz et de Rothenburg, les Russes vous laisseront peut-être le temps de pouvoir vous joindre à Fouqué et de vous défaire de ce voisinage; mais si Laudon vient de ce côté-ci, ce n'est plus votre affaire.

Federic.

Das Hauptschreiben nach dem eigenhändigen Concept; das Postscriptum nach der Ausfertigung.



326-3 Das Datum nach der Ausfertigung. Vom 8. Mai ein Schreiben an die Herzogin von Gotha in den Œuvres, Bd. 18, S. 185.

326-4 Vergl. S. 323.

326-5 Vergl. S. 282.

327-1 Liegen nicht bei.