12144. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Au camp de Meissen, 7 juin 1760.

J'ai reçu ce matin la lettre que vous m'avez faite encore le 4 de ce mois.

Pour cette fois-ci Fouqué s'est blousé, et je parierais ma vie que Laudon ne veut pas à Schweidnitz; si jamais il avait eu ce dessein, il aurait d'abord attaqué le poste de Landeshut, qui lui est absolument nécessaire pour un pareil dessein, et il se serait, d'ailleurs, épargné le chemin à Frankenstein, qui ne conduit du tout à Schweidnitz. Je gage presque de ma tête que Laudon en veut à Neisse, et suis bien fâché que Fouqué en a retiré le général-major Le Grant. Aussi faut-il que Grant, s'il est humainement possible encore, y retourne et tâche de se jeter encore dans Neisse. Grant et le major-ingénieur Lefèbvre y sont absolument nécessaires, et mon ordre était que Grant devait rester à Neisse, ainsi qu'il faut, à moins d'une entière impossibilité, de s'y jeter encore. Laudon n'attend sûrement que de voir agir les Russes; dès qu'il en aura avis, il se mettra devant Neisse.

Je conviens que les circonstances dans lesquelles vous et moi nous nous trouvons, sont très embarrassantes et de sorte que la tête me tourne plus de trois fois par jour; c'est de voir où le plus grand malheur peut arriver, et de courir de ce côté-là. Vous voyez comment tout ceci dérange nos projets et nos affaires; vous savez par mes lettres d'hier400-2 le parti que j'ai pris, et je n'attends que l'arrivée du prince de Holstein avec ses to escadrons. Vous pouvez compter que, dès qu'il sera arrivé, je me mettrai en marche.

Je suis presque persuadé que Laudon ne peut ouvrir la tranchée qu'au 15 de ce mois au plus tôt, ainsi j'espère que mon expédition viendra assez à temps, si elle réussit, pour en procurer un effet désiré. Je rassemble le régiment de Zieten le 13 de ce mois pour cette expédition-là, ainsi je vous en avertis d'avance pour la sûreté des courriers.

Federic.

Nach der Ausfertigung.

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400-2 Nr. 12137 und Nr. 12142.