12317. RELATION DE L'EXPÉDITION DE SILÉSIE.547-6

[Août 1760.]

L'armée partit le 3 d'août des bords de l'Elbe du camp de Dallwitz; elle arriva le 7 à Bunzlau, en côtoyant sans cesse l'armée du maréchal Daun. L'on fit une centaine de prisonniers au passage de la Bober, et l'on séjourna dans ce camp, pour donner quelque repos aux troupes qui dans 5 jours avaient fait 19 milles d'Allemagne. Le 9, l'armée se porta sur Goldberg, celle des Autrichiens était en marche, et nous<548> la côtoyâmes jusqu'à Hohendorf, où le Roi prit son camp. Le corps de M. Laudon occupait les hauteurs de Prausnitz548-1 avant notre arrivée, et M. de Beck couvrait la marche des ennemis de son poste de Wolfsberg.548-2

Le 10, le Roi prit le camp de Liegnitz et l'armée ennemie occupa tout le terrain qui se trouve depuis Parchwitz jusqu'à Kossendau, de sorte que le maréchal Daun avec son armée faisait le centre et occupait les hauteurs de Wahlstatt et Hochkirch, M. Laudon avec son armée remplissait le terrain entre Jeschkendorf et Coschitz,548-3 le général Nauendorff celui des hauteurs de Parchwitz et M. de Beck, qui faisait la gauche, s'étendait avec ses troupes au delà de Kossendau. Cette position avantageuse de l'ennemi nous défendait le passage de la Katzbach et du Schwarzwasser.

L'armée du Roi se mit en marche la nuit du 11 pour tourner l'ennemi et pour gagner Jauer; dès la pointe du jour, les colonnes se trouvèrent près du village de Hohendorf, d'où l'on découvrit un nouveau camp à Prausnitz, et l'on apprit par quelques prisonniers que c'était le corps de M. de Lacy qui venait d'arriver de Lauban. L'armée passa incontinent la Katzbach pour l'attaquer; M. de Lacy manœuvra avec tant d'habileté, il sut si bien profiter des avantages que le terrain coupé, où il se trouvait, lui donnait, qu'il se replia sur M. Daun, sans qu'on pût l'entamer. Il fila par des fonds et se posta sur les hauteurs de Hennersdorf qui couvrent Jauer, avant que l'armée du Roi, arrêtée par les défilés, pût y arriver.

Les deux armées se campèrent, celle du Roi à Seichau, celle des ennemis à Hermsdorf et Schlaup. Le lendemain, on fit des essais pour tourner l'ennemi par les montagnes, en passant par Pombsen et Jägendorf. Les chemins auraient été praticables pour l'armée, mais, le train des vivres n'y pouvant passer, à cause de leur âpreté, il fallut y renoncer.

Le 13, nous reprimes notre camp de Liegnitz et M. Daun, avec ses trois acolytes, vint occuper sa première position derrière la Katzbach. L'on apprit alors que les Russes avaient fait un pont à Auras, et que le comte Iwan548-4 devait passer le même jour avec 24000 hommes. L'on soupçonnait d'ailleurs que l'ennemi avait quelque dessein sur nous: des troupes qui se font longtemps la guerre, pénètrent réciproquement leurs desseins; l'on se familiarise avec la méthode des généraux ennemis, et le moindre mouvement qu'ils font, découvre leurs projets. Si nous avions attendu l'ennemi dans notre camp de Liegnitz, M. de Lacy aurait passé la Katzbach, pour se porter sur notre droite, le maréchal Daun aurait probablement entamé notre front et M. Laudon se serait mis sur notre gauche, en occupant les hauteurs de Pfaffendorf.

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Apparemment que ces considérations donnèrent lieu à la marche que nous fîmes la nuit du 14, pour nous mettre en bataille sur les hauteurs de Pfaffendorf; ce qui transportait le lieu de la scène et devait déranger les dispositions des ennemis, qui étaient faites sur le local. A peine eûmes-nous pris ce nouvel emplacement qu'on apprit, environ vers les deux heures après minuit, que M. de Laudon était en pleine marche et que ses colonnes débouchaient par Bienowitz. Sur quoi, notre armée se sépara en deux corps; notre droite demeura sur le terrain où elle s'était formée, pour observer le maréchal Daun et pour l'empêcher de déboucher du Schwarzwasser et par Liegnitz; 16 bataillons et 30 escadrons firent un quart de conversion, pour tomber sur le corps de l'armée de Laudon. Vers les trois heures, l'action s'engagea; les Prussiens l'attaquèrent et le menèrent battant jusqu'auprès de la Katzbach, où la gauche s'arrêta, et l'on ne jugea pas à propos de la pousser plus vivement, afin de pouvoir porter des secours à la droite, au cas que M. de Dau parvînt à déboucher de Liegnitz. Son armée le tenta à quelques reprises, et s'il ne réussit pas, c'est que le terrain lui était contraire et que ses colonnes se trouvaient enfilées par nos batteries.

Cette action coûte au delà de 10000 hommes à l'ennemi. On lui a fait 2 généraux, 80 officiers et plus de 5000 prisonniers. On lui a pris, de plus, 82 canons et 23 drapeaux. L'ennemi a laissé environ 2000 morts sur la place, mais il a eu une grande désertion, égale à ce que le combat lui a fait perdre.

Nous sommes marchés d'abord après l'action à Parchwitz, où nous avons passé ce défilé si bien disputé. M. de Daun détacha, incontinent après l'action, le prince de Lwenstein avec la réserve et M. de Beck, pour se joindre au comte Iwan.

Le Roi s'est mis en marche le 16, pour gagner Neumarkt; les Russes ont repassé l'Oder à Auras et le prince de Lœwenstein s'est retiré du côté de Jauer, de sorte que l'on s'applique à présent à rassurer notre communication avec Breslau.

Il faut rendre justice à la bonne volonté et à la valeur des troupes, qui, après avoir essuyé des fatigues énormes, ont combattu avec une valeur héroïque; tous ceux qui s'y sont trouvés, s'y sont distingués. Nous n'avons perdu aucun général. L'on ajoute, à la fin de la relation présente, le nom549-1 des officiers blessés et tués et celui des Autrichiens que nous avons pris prisonniers.549-2 Notre perte se réduit à peu de chose. Il ne se trouve à redire que 500 hommes de tués et 1200 de blessés. Il faut espérer que cet évènement heureux produira quelque changement dans notre situation.

Nach der an Finckenstein am 27. August übersandten Abschrift.

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547-6 Die obige Relation, welche vermuthlich am 17. August aufgesetzt worden ist, wird am 17. an den Minister Schlabrendorff übersandt mit dem Befehl, sie als Flugblatt drucken zu lassen, gleichzeitig auch „eine gute in rein Teutsch gefertigte Uebersetzung . . . dem Publico durch den Druck bekannt zu machen“ . (Vergl. auch S. 554.) — Die Relation ist abgedruckt in den Berlinischen Nachrichten vom 26. August, Nr. 103, und in den Danziger „Beyträgen“ , Bd. X, S. 740.

548-1 Ostsüdöstl. von Goldberg.

548-2 Berg, südl. von Goldberg.

548-3 Koischwitz, vergl. S. 542. Anm. 7.

548-4 Tschernischew.

549-1 So.

549-2 Siehe die Listen in den Danziger „Beyträgen“ Bd. X, S. 744.