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Cependant, à force d'industrie et de peines, on aurait peut-être trouvé des moyens de faire la campagne, mais la raison principale qui m'a déterminé de marcher en Bohême, est la lettre de M. de Valory et les sollicitations pressantes de M. de maréchal de Broglie, à cause des avis qu'on avait reçus que le prince de Lorraine irait tomber sur lui et sur Prague.

Effectivement, si les Autrichiens tentaient contre M. le maréchal de Broglie, l'expédition de la Moravie serait toujours perdue, puisque les Saxons voudraient couvrir leur pays, et que je me verrais obligé de défendre la Basse-Silésie. De plus, je trouve de la subsistance en Bohême, par les bons arrangements du prince Léopold.

Les Saxons iront droit à Prague, par les ordres que je leur ai donnés, s'ils les exécutent.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.


782. AU MARQUIS DE VALORY, ENVOYÉ DE FRANCE, A PRAGUE.

Prostnitz, 8 avril 1742.

Monsieur. Vos deux lettres du 3 et du 5 de ce mois m'ont été bien rendues, et je vous suis bien obligé de la communication des avis que M. de Clermont a donnés.1 Comme je ne saurais concilier cela avec ce que vous m'avez mandé dans votre précédente lettre, je suis obligé de croire que les ennemis mêmes ne sont pas encore déterminés à ce qu'ils veulent faire, et dans cet état balottant, je ne saurais changer quelque chose aux mesures que j'ai une fois prises. En attendant, vous avez très bien fait d'en avertir M. le Chevalier de Saxe, afin qu'il puisse être sur ses gardes et accélérer d'autant plus la marche vers Prague. Vers la fin de ce mois, j'espère être en Bohême à la tête de 50,000 hommes de mes troupes, et je suis persuadé que cela fera un bon effet pour la cause commune.

Quant aux discours forts que vous croyez nécessaires pour payer les démonstrations des Puissances maritimes, j'aj à vous dire que, selon moi, on prendra toujours de tels discours pour des menaces qui ne feraient que les aigrir. Si le roi d'Angleterre accepte la neutralité, ce serait le cas le plus heureux pour nous; sinon, je crois qu'outre un corps d'armée en Flandre, il faudra un corps d'observation dans le pays de Liège, pour empêcher par là la jonction des troupes hollandaises avec celles d'Angleterre, et si l'on faisait quelque parade du traité que Sa Majesté Très Chrétienne vient de conclure avec la cour de Danemark, et que celle-ci ferait marcher des troupes, cela donnerait



1 Vergl. Extrait d'une lettre de M. Clermont au maréchal de Broglie, 6 avril 1742; Campagne des maréchaux de Broglie et de Belle-Isle IV, 228.