<136>de l'Empire seront dans quinze jours à portée de l'armée de Bohême. La Moravie est regardée comme un pays neutre, à cause que nulle armée n'y peut subsister, et la Haute-Silésie peut être soutenue.

Le roi de Sardaigne est sur le point d'embrasser le parti espagnol; les Anglais avec 16,000 hommes, joints aux Autrichiens, en Flandre ne sauraient opérer l'offensive, les Hollandais n'y consentiront jamais. Les Hanovriens n'oseraient se remuer, ou risqueraient d'être accablés par mes troupes et 12,000 Danois. L'Empire va se déclarer pour l'Empereur.

Dans ces conjonctures, il ne s'agit plus que de concerter le plan d'opération.

Je suis sûr que mon dessein mènera la cour de Vienne au point où le désirent les alliés, mais je suis obligé de dire en même temps que ce dessein une fois entamé, il n'y a plus moyen de reculer, et qu'il y a même des mesures à prendre qui ne sauraient qu'être très préjudiciables au roi d'Angleterre, et qui une fois prises, me mettraient pour quelques années hors d'état de me lier avec lui. Il est donc temps de me déterminer; pour cet effet, je voudrais que milord Hyndford envoyât un courrier à Londres, pour leur proposer l'article de Königingrätz.1

Je soupçonne que les Anglais, moyennant la cession que leur a faite la maison d'Autriche d'Ostende et de Nieuport, lui auront garanti la Bohême. Mais si l'on pense que cette garantie soit suffisante pour sauver la maison d'Autriche, c'est à l'Angleterre à voir comme elle fera; au lieu que, si l'on considère qu'en me cédant un douzième de la Bohême, je cède la Haute-Silésie en revanche — que la maison d'Autriche n'est pas en état de me reprendre — et que tout le reste de la succession sera dès lors facile à recouvrer: alors je me persuade que les Anglais verront que c'est le véritable intérêt de la cour de Vienne d'en agir ainsi.

Mes inquiétudes ont cessé pour la Bavière, Glatz est rendu,2 mon armée est assemblée, ainsi j'attends la réponse de Londres pour décider à jamais de l'équilibre de l'Europe, et pour me lier pour l'éternité avec Londres ou avec Paris.

Je vous ordonne de montrer cette lettre à Hyndford, et de lui dire qu'il ne me trouvera pas difficile pour tout ce qui regarde l'argent3 ni l'intérêt de l'Angleterre.

Vous connaissez l'estime que j'ai pour vous. Adieu.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



1 Am 30. April entsendet Hyndford auf Podewils Veranlassung einen Courier an Carteret, dass man durch Robinson den wiener Hof zur Abtretung von Königgrätz und Pardubitz bestimmen möge.

2 26. April.

3 Die auf Schlesien lastenden Schuldforderungen englischer Unterthanen.