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Comme il y a bien des officiers de hussards qui viennent à l'heure qu'il est à Vienne, je serais bien aise, si vous pouviez disposer quelquesuns d'entrer dans mon service, ce que vous ferez pourtant avec circonspection et d'une manière à n'être point exposé. Vous me manderez même s'il y a de l'apparence que les affaires pourraient, avec le temps, se disposer de la manière que, la paix faite avec l'Empereur, la reine de Hongrie me voudrait céder un régiment de hussards. Je suis etc.

Federic.

Nach dem Concept.


1034. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A SAINT-PÉTERSBOURG.

Berlin, 6 janvier 1743.

Sur ce que vous me mandez dans le post-scriptum de votre dépêche du 17 décembre passé, au sujet du conseil que le Vice-Chancelier vous a donné de me prier de vouloir marquer au comte de Tschernyschew quelque mécontentement de la conduite de la Russie, touchant l'alliance à faire entre elle et moi, je veux bien vous dire que j'ai prévenu en cela en quelque façon le Vice-Chancelier, ayant témoigné moi-même, il y a trois jours, au comte de Tscheruyschew l'étonnement où j'étais sur la conduite de sa cour; qu'il était connu de quelle manière je m'étais comporté vers l'Impératrice, d'abord qu'elle était montée sur le trône; que c'avait été l'Impératrice qui avait proposé l'alliance; que moi et mes ancêtres avions donné toujours des marques assez convaincantes de notre amitié pour la Russie, et qu'il ne pourra jamais être une alliance plus naturelle, plus utile et plus solide qu'entre moi et la Russie; mais que nonobstant tout cela, l'Impératrice traînait la conclusion de l'affaire tellement que je ne pouvais que soupçonner, ou qu'on ne voulait point du tout de moi, dans un temps où l'on se liait pourtant avec des autres, ou qu'on avait des desseins pernicieux contre moi. Sur quoi Tschernyschew m'a promis de relater tout fidèlement à sa cour. De quoi j'ai voulu vous avertir, afin de pouvoir observer d'autant plus près la cour de Russie, pour voir ce qu'elle en pensera.

Quand je réfléchis sur ce que vous m'avez mandé plusieurs fois de la cour de Russie, je ne saurais m'empêcher de vous dire qu'il me semble qu'il y a quelque contradiction dans vos faits. Vous me marquez toujours que les inclinations de l'Impératrice et de ses confidents sont pour la France, et que c'est ce parti qui fait tous ses efforts pour traîner l'alliance. Ce cas posé, et si les partisans de la France gouvernent absolument l'Impératrice, comment est-il possible que, selon vos dépêches encore, la cour de Russie tâche de ménager des mariages avec des princesses d'Angleterre et de Hesse? chose qui serait absolument contraire à l'intérêt de la France, et qui effectuerait que le parti français en Russie travaillerait plutôt contre les