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1145. AU LORD CARTERET, SECRÉTAIRE D'ÉTAT DE LA GRANDE-BRETAGNE, A FRANCFORT SUR-LE-MAIN.1

Berlin, 5 juillet 1743.

Milord. La parfaite estime et considération que j'ai eue toujours pour vous, et les marques d'amitié que vous m'avez données en tant d'occasions, me font espérer que vous voudriez bien procurer une audience et un accès favorables auprès du Roi votre maître à mon ministre, le comte de Finckenstein, que j'ai trouvé à propos d'envoyer à Sa Majesté Britannique. Chargé comme il est de cultiver l'heureuse union qui subsiste entre moi et Sadite Majesté, surtout dans la présente crise délicate des affaires de l'Europe, je me flatte que son envoi et ses commissions ne lui seront point désagréables, et que par le zèle que vous avez témoigné toujours jusqu'ici pour le rétablissement de la paix en Allemagne, vous voudriez bien contribuer de votre mieux pour les faire réussir. C'est un ouvrage digne de votre ministère et de la réputation que vous vous êtes déjà acquise à si juste titre. Je me réfère, au reste, à tout ce que mon susdit ministre, le comte de Finckenstein, vous dira de ma part, mais surtout des sentiments de l'amitié la plus distinguée avec laquelle je suis, Milord, votre très affectionné ami

Frederic.

Nach dem Concept.


1146. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

Stettin, 6 juillet 1743.2

J'ai reçu votre lettre du 4 de ce mois, avec vos considérations sur l'événement qui vient d'arriver par la défaite de l'armée française surle-Main, sur les suites qui en pourraient résulter, et sur le parti que j'aurai à prendre dans des conjonctures si épineuses et si difficiles.

Je suis d'accord de tout ce que vous y dites, hormis le seul article où vous croyez qu'en cas qu'on entraînerait l'Empire dans une guerre contre la France, je devrais même alors fournir mon contingent comme Électeur et État de l'Empire: article que je ne goûterai jamais, et que, par de très bonnes raisons, je ne ferai absolument point. C'est pour quoi vous devez penser de bonne heure à toutes les raisons, défaites et faux-fuyants possibles, pour éluder, le cas existant, de pareils propos.



1 „Comme tout roule principalement sur milord Carteret,“ bemerkt Podewils am 5. Juli dem Könige, indem er die Instruction fur Graf Finckenstein zur Unterschrift vorlegt, „j'ai cru devoir ajouter une lettre gracieuse et obligeante pour lui de la part de Votre Majesté, sauf pourtant Son approbation.“

2 Eichel schreibt an Podewils an demselben Tage aus Stettin, das Schreiben des Königs sei ausgefertigt gewesen „ehe Se. Königl. Majestät die Nachricht erhalten, dass der Verlust der Franzosen erträglicher und die Avantage der Engelländer weit geringer gewesen, als solches zuerst gemeldet werden wollen.“