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Après vous avoir expliqué les peines où je suis, lesquelles pourtant je tâcherai de surmonter au possible, je viens à votre plan et projet de la campagne prochaine,1 où je trouve tout si bien arrangé que je n'y saurais ajouter quelque chose. La seule difficulté qu'il y a, ce sont les magasins à faire, qui nous coûteront assez de peine, vu la situation du pays où il y aura le théâtre de guerre.

En attendant, je crois nécessaire de vous avertir que vous n'envoyiez point le corps de troupes qui vient d'Alsace par détachements, afin que le projet de Khevenhüller, dont je juge les forces en troupes régulières et irrégulières, tout compté ensemble, jusqu'à 35,000 hommes, ne réussisse pas, qui est de les battre en détail. Je crois qu'il y a aussi une bonne précaution à prendre avec les recrues qu'on enverra à l'armée de M. de Broglie en Bohême, et il vaudra mieux de les envoyer par quelque détour que de les risquer d'être combattues et dispersées.

Les bruits que les Anglais font maintenant ne m'embarrassent pas trop encore, et je crois que tout cet appareil n'est jusqu'à présent qu'une montre d'ostentation qui aboutira à point ou peu de chose, pourvu qu'il n'y ait une révolte générale en Hollande.

J'espère d'avoir encore de vos nouvelles, et en attendant je vous prie d'être assuré de l'estime invariable avec laquelle je suis, Monsieur le Maréchal, votre très affectionné

Federic.

Nach dem Concept.


758. AU MARQUIS DE VALORY, ENVOYÉ DE FRANCE, A PRAGUE.

Selowitz, 26 mars 1742.

Monsieur. Je viens de recevoir votre lettre du 20 de ce mois, et je vous suis bien obligé de l'envoi de celles de M. le Cardinal et de M. le maréchal de Belle-Isle, à qui je viens de répondre par les incluses. La précaution que vous avez prise pour la sûreté et la promptitude de notre correspondance, est très bonne et d'autant plus nécessaire que la communication entre ici et la Bohême est assez difficile, et qu'on a lieu de craindre que cela n'aille en augmentant, si l'on ne peut pas serrer la ville de Briinn, à quoi les Saxons ne témoignent pas avoir grande envie, en prétendant des circonstances que j'en suis quelquefois bien en peine. Il y a une chose sur laquelle il faut, Monsieur, que je m'ouvre vers vous, c'est ce que j'ai appris à mon grand étonnement la manière peu obligeante dont on a traité à Prague un bas-officier avec quelques dragons du régiment de Baireuth, de l'escadron du capitaine de Chasot, qui y ont fait cinq ou six recrues, lesquelles M. le Comte de Bavière leur



1 Befreiung Baierns durch eine neue, unter Broglie zu stellende französische Armee von 30,000 Mann; Verfolgung der Oesterreicher nach Tirol durch 12 — 15,000 Baiern bez. Hülfsvölker aus dem Reich; Operation der französisch-baierischen Armee in Böhmen gegen Budweis unter Führung des Kaisers und Belle-Isle's.