681. AU MARÉCHAL DE FRANCE COMTE DE BROGLIE A PISEK.

Olmütz, 3 février 1742.

Monsieur. J'ai été bien mortifié en apprenant la reddition de Linz, dont la faute doit être attribuée tant à M. de Ségur qu'aux mauvaises dispositions précédentes. Selon la raison de guerre, les ennemis doivent s'emparer de Passau et se rendre maîtres du cours de Danube successivement; ils pourraient ensuite se replier par leur droite sur le Haut-Palatinat, et de là sur Pilsen et Égra, si l'on leur en laisse la liberté. Mais le mouvement que j'ai résolu de faire, en me portant en force sur Iglau et de là sur Znaym, donne trop d'attention à l'ennemi sur la Basse-Autriche, dont je suis informé qu'il tire ses magasins, sur Vienne, dont je puis le couper, sur Presbourg, où je peux arriver beaucoup plus tôt qu'eux, et sur la Hongrie, dont je puis tirer des contributions. Je présume qu'avant que d'avoir joint les Saxons, ce qui se fera le 9, vous apprendrez que la plus grande partie des forces de l'ennemi se sera mise en marche pour gagner Znaym et la Taya avant mon arrivée, et pour m'empêcher par cette position de pénétrer plus en avant vers le Danube. Il me semble qu'en cas que l'ennemi fît ce mouvement, <28>comme je n'en doute pas, vous aurez toute la facilité nécessaire pour prendre les postes de Tabor et de Budweis, et pour vous joindre par votre gauche à notre droite, en formant la parallèle le plus près de l'Autriche que faire se pourra.

Dans cette position, bien différente de l'actuelle, je ne présume pas que M. de Khevenhüller puisse former le dessein de pénétrer en Bohême, auquel cas cependant vous aurez l'avantage qu'étant joint avec M. de Polastron, vous pourrez, par les manœuvres que vous jugerez convenables, vous opposer avec beaucoup plus d'apparence de succès qu'à présent aux desseins des ennemis. Je ne m'imagine pas que dans la situation présente il y a d'autre plan à suivre que celui-là; l'avantage principal qui en revient, et qui ne doit point être regardé comme une bagatelle, consiste dans la jonction des troupes, qui nous mettra dorénavant en état d'agir offensivement, au lieu de la triste défensive à laquelle nous serions réduits en corps séparés. Vous voyez par ce détail que je n'exige de vous autre chose que d'occuper le terrain que l'ennemi aura abandonné, et les postes dont son éloignement vous permettra de vous rendre le maître. Je suis avec toute la considération possible et avec beaucoup d'estime, Monsieur, votre très affectionné

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.