713. AU GÉNÉRAL COMTE DE RUTOWSKI A IGLAU.

Znaym, 24 février 1742.

Monsieur. Je dois vous avertir que, selon les avis que j'ai eus aujourd'hui, les dispositions de l'ennemi sont telles qu'il rassemble ses troupes entre la Taya et Krems, et que Khevenhüller doit s'y joindre avec un corps de 15,000 hommes, après quoi ils tenteront sûrement quelque chose sur nous. Je crois donc qu'il sera très nécessaire que vous envoyiez autant de patrouilles qu'il est possible vers Tirna et vers Horn, pour prendre langue de l'ennemi et pour emmener les baillifs, paysans et autres gens de ces cantons, afin d'avoir des avis sûrs de ce que fait l'ennemi.

Sur le moindre avis que vous aurez que l'ennemi se rassemble, il sera nécessaire que vous assembliez le corps de vos troupes à Budwitz, Lispitz, Schiltern, Frain et Lukau, pour pouvoir nous joindre dans une jour. J'ai eu la prévoyance de renforcer le corps de mes troupes par quatre bataillons et cinq escadrons, et je ferai venir encore d'autres de mes troupes, en cas que les avis continuent que l'ennemi se rassemble pour venir tomber sur nous, en quel cas je me repose sur vous que vous rassemblerez le corps de vos troupes promptement, afin qu'elles ne tardent nullement de me joindre, étant à présumer que pendant l'espace de quinze jours nous aurons certainement une action avec <51>l'ennemi. Si ce cas doit arriver, vous ne pourriez mieux faire que de laisser 500 hommes à Meseritsch, et de rassembler tout le reste de vos troupes en avant vers moi.

J'espère de même que votre infanterie aura la provision nécessaire de poudre, et que vous donnerez vos ordres à la cavalerie pour qu'elle aiguise bien les lames de ses épées. La précaution serait bonne si vous vouliez placer d'abord votre infanterie dans toutes les villes que vous occupez en avant vers moi, et comme cela se peut faire sans déranger beaucoup vos dispositions, je crois que vous goûterez mon conseil, et que, comme fidèle serviteur du Roi votre maître et comme officier brave et sage, vous ferez toutes vos dispositions de manière qu'en cas de besoin rien ne puisse empêcher ni retarder notre jonction.

La raison de guerre demandera que cette jonction se fasse aux environs de Znaym, ainsi par précaution vous prendrez les mesures nécessaires afin de faire élargir les chemins que vos troupes passeront pour s'y joindre avec moi, et pour que les troupes puissent marcher toutes de front. Je me remets entièrement sur les bonnes dispositions que vous ferez, pour que l'ennemi ne puisse tenter quelque chose avec succès contre notre jonction, et je suis etc.

Federic.

Les Autrichiens sont au désespoir, j'ai de bons avis qu'ils veulent en venir aux mains avec nous, en ce cas, tout ira bien et heureusement, pourvu que l'armée se rassemble à temps et que vous vous mettiez en force à Teltsch, Budwitz, jusqu'ici. Je me renforce et je prépare tout, de façon que Messieurs les Autrichiens seront les bien-venus, s'ils ont envie de se frotter à nous. Je vous prie d'avoir plus d'espions en campagne qu'il n'y a de poux en Pologne.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.