727. A L'EMPEREUR DES ROMAINS A FRANCFORT SUR-LE-MAIN.

Znaym, 2 mars 1742.

Monsieur mon Frère et Cousin. Le comte de Furstenberg m'a envoyé la lettre que Votre Majesté Impériale Lui a adressée. Je suis bien aise d'y voir qu'Elle a trouvé moyen d'engager quelques princes d'Allemagne à Lui céder leurs troupes. Je suis sûr qu'un corps de 15,000 troupes, jointes à celles du maréchal de Broglie, fera un effet admirable.

Hier nos partis ont été à deux milles de Vienne, mais un corps de 15,000 hommes de Hongrois, rassemblé à Scalitz, m'empêche de m'éloigner de Brünn, sans quoi ce secours, jeté dans la ville, nous incommoderait beaucoup et couperait notre communication avec Olmütz.

Votre Majesté Impériale ne saurait assez presser la prompte marche des Français, car sans ce point il est impossible de dégager la Bavière. J'ai ici mille chagrins avec les Saxons, qui viennent d'abandonner Iglau sans mes ordres, et j'ai de plus appris, à mon grand étonnement, que <65>M. de Broglie éparpillait toute son armée en quartiers d'hiver. Si malheur lui arrive, c'est sa faute; il n'y a pas plus de 400 hommes à Tabor et quatre bataillons à Budweis, pourquoi ne les en chasse-t-il point? D'autant plus que toute l'armée autrichienne a pris ses quartiers dans cette partie de l'Autriche contiguë à la Bohême et à la Moravie. Mais il n'y a ni volonté ni prudence ni accord parmi les Saxons ni les Français, et ces gens me font plus enrager que l'ennemi, les hussards et les Cravates. Je suis avec les sentiments de la plus haute estime, Monsieur mon Frère et Cousin, de Votre Majesté Impériale le très bon frère et fidèle allié

Federic.

Nach der Ausfertigung im Königl. Hausarchiv zu Berlin. Eigenhändig.