772. AU ROI DE POLOGNE A DRESDE.

Selowitz, 1er avril 1742.

Monsieur mon Frère et Cousin. Par un courrier du marquis de Valory je reçois de sa part les avis ci-joints sur les desseins des ennemis, qui doivent marcher sur l'armée du maréchal de Broglie. Quoique cette nouvelle ne soit pas tout-à-fait assurée, néanmoins, comme on souhaite d'avoir mon conseil là-dessus, et qu'on demande mon assistance, je n'ai pu donner autre avis sinon que l'on devait bien examiner cette nouvelle et si c'était tout de bon que l'ennemi voulait donner sur le corps du maréchal de Broglie, ou si ce n'était plutôt une fausse alarme qu'on voulait' nous donner pour nous dérouter du dessein véritable; mais, en cas que l'ennemi marcherait actuellement en force majeure sur le Maréchal, je croyais qu'il ne pouvait faire autrement que de quitter ses quartiers à Pisek, se replier derrière la Beraun, et aller même se poster sous Prague, en cas que l'ennemi continuerait de le pousser, et qu'alors les troupes de Votre Majesté y pourraient marcher pour le mettre en état“ agir offensivement contre l'armée ennemie. J'ai prié néanmoins le marquis de Valory de m'envoyer encore un autre courrier, avec des avis sûrs, pour que je puisse aviser alors ce qu'il y aura à faire. En attendant, j'ai cru être nécessaire d'en informer incontinent Votre Majesté, La priant de vouloir bien me communiquer ce qu'Elle en pense. Si en effet le prince Charles de Lorraine devait s'avancer vers le maréchal de Broglie, et, avec des forces supérieures, le pousser jusqu'au dessous de Prague, je crois que l'intérêt de Votre Majesté, aussi bien que celui de la cause commune, demanderait alors de ne pas laisser abîmer le maréchal de Broglie, et qu'il serait nécessaire que les troupes de Votre Majesté allassent alors à son secours, pour le mettre par là en état de faire tête à l'ennemi et d'agir même offensivement, la position de mes troupes ne Permettant point que je puisse aller au secours dudit Maréchal. J'attends le courrier du marquis de Valory, pour savoir au juste combien ses <102>nouvelles sont fondées ou non, et j'espère que Votre Majesté me voudra bien faire savoir Ses intentions sur ce que je Lui mande.

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.