777. AU GÉNÉRAL CHEVALIER DE SAXE A ROSCHITZ.

Selowitz, 3 avril 1742.

Je viens de recevoir la vôtre d'aujourd'hui, sur laquelle j'ai ordonné d'abord qu'outre les 8,000 écus que M. le général de Rochow a reçus, je lui ferai payer encore 5,000 écus, laissant à votre disposition si vous voulez mettre ordre afin qu'on paye la somme de 13,000 écus à Pardubitz à mon lieutenant-colonel de Lœben, qui y est en garnison. J'aurais fourni avec beaucoup de plaisir le reste de la somme que vous demandez, mais il n'y a actuellement plus d'argent comptant ici, toute la caisse étant à Olmütz.

Je suis fâché d'apprendre les obstacles qui se rencontrent auprès de vos troupes, pour qu'elles ne puissent marcher si tôt comme j'aurais souhaité; je crains seulement que le secours que nous pensons de donner à M. le maréchal de Broglie, n'arrive trop tard, en cas que les Autrichiens veuillent tenter quelque chose sur lui. Et comme il est aisé de juger de quel mauvais effet ce serait, s'il était une fois renversé, je me vois obligé de marcher avec une partie de mes troupes en Bohême le 10 de ce mois; je marcherai droit à Pardubitz, où je me joindrai à mes troupes qui sont en marche vers la Bohême sous les ordres du feldmaréchal, le prince d'Anhalt. Quant à vos troupes, je crois que le meilleur sera de marcher droit à Prague pour s'y joindre avec les troupes françaises, jusqu'à ce que le secours que celles-ci attendent y puisse arriver, après quoi nous pourrions nous rejoindre, et agir ensemble pour nous rendre maîtres tant de la Bohême que de la Moravie.

<106>

Ce qui nous doit déterminer principalement à cette résolution, c'est que, si les Autrichiens renversent le maréchal de Broglie, la Saxe et la Silésie sont perdues, et que par ce mouvement que nous irons faire, nous sommes en état de résister aux forces autrichiennes. Si nous battons l'ennemi en Bohême, la Moravie tombera sans difficulté; mais si l'ennemi gagne la Bohême, nous sommes mis hors de combat et réduits à faire la défensive. Je suis avec des sentiments d'estime, Monsieur, votre très affectionné

Federic.

Nach dem Concept.