875. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BRESLAU.

Camp de Maleschau, 5 juin 1742.

Vous relations du Ier et du 2 de ce mois me sont bien parvenues, et j'ai lieu d'être content de tout ce que vous m'y mandez. Vous avez très bien fait d'instruire Andrié sur le sujet de Robinson, et qu'il sollicite l'envoi de milord Stair à la cour de Vienne afin de parler à cette cour comme il faut. Vous savez qu'il y a plus de cinq semaines <186>que je l'y aurais souhaité. Ma dernière lettre vous aura déjà instruit sur presque tous les points sur lesquels vous désirez d'avoir mes ordres. Vos réflexions sur ce que Carteret doit avoir dit à Bussy, sont justes,186-1 et il faut voir jusqu'où on peut venir avec les Anglais. Si je puis parvenir par leur entremise à une bonne paix avec la cour de Vienne, vous savez que mon intention est de me prêter alors à une alliance défensive avec les Puissances maritimes, et si la paix se fait entre moi et la reine de Hongrie, je ne trouverai jamais à redire que les Puissances maritimes, les États d'Hanovre et la Russie y soient compris. Je suis persuadé que l'Angleterre y va à présent tout de bon, et le procédé de Hyndford me charme, mais, avec tout cela, je crois que nous ne ferons que de l'eau claire avec la cour de Vienne, dont la résolution sera que leurs affaires ne sont pas si désespérées que l'Angleterre le croyait, et quoiqu'ils eussent perdu la bataille, ils seraient encore en état avec l'assistance des alliés à faire tête à tous leurs ennemis. Peut-être qu'en égard de l'Angleterre, m'offriront-ils la Basse-Silésie avec Glatz et la Haute-Silésie jusqu'au cordon, et rien outre cela, ce dont le temps nous instruira. En attendant, vous insinuerez à milord Hyndford qui'il m'importe extrêmement des avoir où j'en suis, mon intention étant de finir cette année la guerre ou par la voie d'un prompt accommodement ou par celle des armes, par des vigoureuses opérations. J'attends le plus souvent de vos nouvelles, et j'agrée que vous pouvez continuer votre séjour à Breslau jusqu'à nouvel ordre. Je suis etc.

Je suis fort curieux d'apprendre de vos premières nouvelles, d'où je pourrai juger si je me suis trompé ou non.

Federic.

P. S. Quant à ce que vous me mandez touchant la prise de possession des contrées de l'autre côté de l'Oder jusqu'à la rivière de la Bolnitza,186-2 je vous dis que vous devez laisser encore cette affaire en suspens jusqu'à ce que nous voyions avec qui nous aurons à faire. Si ce sera avec les Autrichiens, il faut s'élargir et prétendre autant de terrain qu'on pourra garder; si c'est avec les Saxons, il faut aller un peu bride en main, mais chercher des prétextes pour avoir encore, s'il se peut, une lisière au delà de la Brinnitza. Mais tout cela dépendra des conjonctures, dont il faut profiter autant que les circonstances le permettront.

Nach der Ausfertigung. Der erste Zusatz eigenhändig.

<187>

186-1 „Selon les dernières lettres d'Andrié, qui mandent que milord Carteret lui avait dit qu'on avait déclaré au sieur de Bussy, ministre de France, qu'on ferait tout au monde pour détacher Votre Majesté de la France, on ne saurait se fier trop à ce ministre, qui peut-être par là aura voulu tâcher d'inspirer de la défiance à la France contre Votre Majesté et obliger cette couronne de s'entendre avec l'Angleterre.“ (Bericht Podewils' 2. Juni.)

186-2 Das bei Blottnitz entspringende Himmelwitzer Wasser.