1140. AU LIEUTENANT-GÉNÉRAL COMTE DE DOHNA A VIENNE.

Magdebourg, 20 juin 1743.

Je ne saurais vous cacher que j'ai été étrangement surpris, lorsque j'ai vu, par le post-scriptum sous numéro 4 de votre dépêche du 13 de ce mois, que dans l'entretien que vous avez eu avec la Reine, vous lui avez donné des assurances comme si j'étais tout disposé d'entrer dans les vues qu'elle a en faveur du Grand-Duc son époux. En tenant de tels propos, vous avez absolument surpassé vos instructions et agi contre les ordres que je vous ai donnés, lesquels, si vous les repassez, vous montreront clairement que vous n'êtes point autorisé à donner des assurances positives à ce sujet, mais de vous tenir plutôt boutonné et ne faire que sonder adroitement la cour où vous êtes sur les convenances qu'on voudrait me faire en pareil cas, et d'être au reste sur vos gardes pourqu'on ne vous tire pas les vers du nez.

Vous vous souviendrez encore de quelle manière je vous ai instruit moi-même, lorsque je vous vis à Neisse, sur la conduite que vous aviez à tenir vers la cour de Vienne, et que vous ne deviez prendre pour l'argent comptant toutes les paroles flatteuses et emmiellées qu'on vous dirait, mais tâcher plutôt à pénétrer les véritables desseins qu'on méditait, sans vous laisser surprendre en quoi que ce soit.

Je vous réitère encore cet avis et vous ordonne en même temps bien sérieusement de ne surpasser plus en aucune façon votre instruction, ni avancer quelque chose sans mes ordres, ou vous me répondrez sûrement de votre tête. Vous devez même ne vous pas tant mêler à donner des conseils pareils à ceux que vous avez donnés, lorsqu'on a fait semblant d'avoir quelque appréhension au sujet des Turcs.379-1

Federic.

Votre tête en répondra, si vous avancez un mot de plus que je ne vous ordonne. Vous vous laissez ensorceler par le beau chant de Sirènes, mais, Monsieur, n'oubliez point à quel maître vous avez à faire, et si vous ne pensez pas à autre chose, pensez à votre tête.

Nach dem Concept. Der Zusatz nach Abschrift der Cabinetskanzlei.

<380>

379-1 Donna hatte der Königin auf diese Befürchtung erwidert: „Que, quoique sans commission, je croyais ne rien risquer en assurant que, la guerre à présent finie, les troupes de Votre Majesté . . . pourraient dans un besoin être pour elle, ... et que le plus sûr moyen de s'assurer contre l'appréhension des Turcs était de faire la paix le plus tôt le meilleur.“