1205. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A SAINT-PÉTERSBOURG.

Potsdam, 30 septembre 1743.

Après ce qui s'est passé dans l'affaire du marquis de Botta, touchant la conspiration tramée sous sa direction, il ne saurait guère manquer que <430>la cour de Pétersbourg se brouille tout-à-fait avec celle de Vienne, ou qu'il y ait au moins beaucoup de mauvais sang entre elles, surtout si la cour de Vienne prend le parti, comme on vient de m'assurer, de vouloir justifier la conduite du marquis de Botta et de traiter de fausses imputations tout ce que la cour de Russie vient de publier à ce sujet. Il est même à craindre que le ministère de Vienne ne commence de nouveau d'intriguer contre la souveraine de la Russie, estimant que, vu la situation où les affaires sont, le droit de son jeu ne soit autre que de culbuter l'Impératrice pour faire monter à sa place le jeune prince Iwan, qui peut-être ne manquerait d'avoir son parti en Russie. Et comme la campagne au Rhin va bientôt finir, et que les troupes iront dans leurs quartiers d'hiver, ce temps d'hiver donnera assez de loisir au ministère de Vienne pour ourdir quelque nouvelle trame en faveur du prince Iwan, dont le succès pourrait être fatal à l'Impératrice, surtout si, en partant pour Moscou, elle laissait derrière soi ledit jeune Iwan avec sa famille à Riga. Mon intention est donc que vous devez tâcher d'insinuer tout ceci d'une manière adroite et convenable à ceux qui sont de la confidence de l'Impératrice, pour qu'ils la disposent d'éloigner, encore avant le commencement de l'hiver qui vient, toute la famille infortunée de Riga, de la manière que vous savez, pour n'en avoir plus à craindre quelque revers. J'attends votre rapport là-dessus.

Federic.

Nach dem Concept.