1210. A L'EMPEREUR DES ROMAINS A FRANCFORT SUR-LE-MAIN.

Charlottembourg, 3 octobre 1743.

Monsieur mon Frère. Le baron de Spon vient de m'envoyer la lettre que Votre Majesté Impériale m'a fait l'honneur de m'écrire sous date du 25 du septembre passé. J'entre parfaitement dans tout ce qu'Elle y veut bien me mander au sujet de la position à prendre de Ses troupes pour les quartiers d'hiver, et je ne doute nullement que mon ministre de Klinggræffen n'aura déjà rendu compte à Votre Majesté Impériale de la manière que je L'ai déjà prévenue, en m'offrant de donner des quartiers dans ma province de Clèves à un de Ses régiments de cavalerie,433-1 à des conditions dont je me suis expliqué vers le maréchal comte de Seckendorff, ainsi qu'il ne dépendra que des ordres de Votre Majesté Impériale quand Elle voudra y faire marcher ce régiment. Je suis persuadé que cet exemple ne saura que faire un bon effet sur les autres États et villes de l'Empire, pour qu'ils ne feront guère de difficulté de donner des quartiers d'hiver aux autres troupes de Votre Majesté, là où Elle le trouve de Sa convenance, et où ces troupes auront le loisir de se recruter et compléter.

Quant aux officiers dont Son armée peut avoir besoin, je laisse au bon plaisir de Votre Majesté Impériale si Elle voudra instruire en détail Son maréchal de Seckendorff sur les caractères d'officiers qu'il aura à <434>disposer, et je tâcherai de mon mieux alors d'indiquer au Maréchal d'où il en pourrait tirer pour remplacer ceux qui ne sont pas en état de servir, et qui vaudront au moins bien ceux qu'il congédiera.

Du reste, je ne saurais exprimer combien j'ai été sensible sur ce que Votre Majesté Impériale veut bien continuer de mettre Sa confiance en moi, et Elle me fait justice, si Elle est assurée qu'on ne saurait jamais prendre plus de part à la situation de Ses affaires que je le fais. Je me flatte d'ailleurs qu'Elle sera satisfaite de ce que j'ai pu faire jusqu'à présent pour Elle, espérant que le temps me fournira bientôt des occasions où je pourrai tout-à-fait La convaincre de l'attachement fidèle et des sentiments sincères avec lesquels je serai toute ma vie, Monsieur mon Frère, de Votre Majesté Impériale le très bon frère et fidèle allié

Federic.

Nach der Ausfertigung im Königl. Hausarchiv zu Berlin.



433-1 Vergl. oben Nr. 1200 S. 425.