1250. AU LIEUTENANT-GÉNÉRAL COMTE DE DOHNA A VIENNE.

Berlin, 7 novembre 1743.

Votre dépêche du 30 du mois d'octobre passé m'a été bien rendue, et vous avez fort bien faire de m'instruire sur tout ce qui se dit à Vienne sur mon sujet, et sur tous les arrangements qu'on a envie de prendre. Néanmoins, comme votre secrétaire a assez mal chiffré plusieurs passages du post-scriptum 2, et que vous-même vous y êtes expliqué un peu trop brièvement et d'une manière assez laconique, sans toucher ni les raisons ni les circonstances, au sujet d'un, corps de 15 à 20,000 hommes que le maréchal Traun doit commander en Moravie, du système qui vient de changer nouvellement du tout, des 24,000 insurgés, en cas que j'attaque la reine de Hongrie, et de ce que, crainte de surprise, on a bonne et sérieuse envie de me prévenir et pour se défendre, si cela était inévitable, de tous les hussards qui seront mis en Bohême et Moravie, de l'artillerie qu'on transporte d'Ingolstadt à Vienne — je vous fais celle-ci par un exprès, pour vous dire que vous devez vous expliquer d'une manière claire et détaillée sur tout ce que vous m'avez mandé, et si vous en êtes instruit par des avis bien fondés, ou si ce ne sont que des discours de particuliers qui se disent en ville. De même, vous devez me mander si effectivement on fait de pareils arrangements, et d'où les bruits peuvent venir de l'envie que j'aurais d'attaquer la reine de Hongrie; si c'est peut-être par des insinuations du marquis de Botta qu'on a pris de si vives alarmes contre moi, et <463>pax quelle autre raison on témoigne de si grandes méfiances.463-1 Car sur ce qui est des discours des officiers bavarois, comme si je voulais Tompre avec la Reine,463-2 ce sont des mensonges si grossiers et des plus controuvés, qui ne méritent pas qu'on y fasse attention. Outre cela, vous devez vous expliquer sur ce que vous me mandez que tout vient comme cela se changer nouvellement,463-3 et quel sujet de crainte la cour de Vienne a contre l'Angleterre; de même contre qui proprement on fait de mauvais sang, de quelle nature sont les réflexions qu'on [fait]. ctuellement, dont le temps montrerait si elles étaient justes. Comme depuis le temps que vous m'avez fait votre dépêche, plusieurs circonstances se seront développées encore plus, vous devez ajouter d'une manière détaillée tout ce qui est venu à votre connaissance sur tout ces sujets.

Au reste, mon intention est que, si vous voyiez qu'on travaille tout de bon à des arrangements dans la Bohême ou la Moravie, pour y avoir un corps d'armée, et à d'autres préparatifs soit pour se défendre soit pour attaquer, vous devez alors déclarer aux ministres de la Reine d'une manière convenable, et sans marquer quelque inquiétude, que, quoique je susse très bien qu'il est permis à chaque souverain de faire dans son propre pays tels arrangements qu'il trouve convenable à soi, néanmoins, comme la reine de Hongrie était encore en pleine guerre avec la France, et que néanmoins elle faisait des arrangements si extraordinaires dans les provinces où elle n'avait absolument rien à craindre et qui me confinaient, je croyais que j'étais en droit d'en demander les raisons qu'on y pourrait avoir et à quoi cela devait aboutir, afin que je <464>pusse savoir où j'en suis avec la Reine, et que j'attends qu'on veuille bien s'en expliquer.

Vous vous garderez pourtant de ne faire cette déclaration aux ministres qu'en cas que vous soyez sûr de votre fait sur les susdits arrangements, afin qu'on né se moque de nous, comme si nous nous étions alarmés sur des choses chimériques et sur de faux bruits.

Au reste, vous devez me mander votre sentiment, si vous croyez que la cour de Vienne pourrait bien faire quelque paix fourrée avec la France et si l'on ne chipote peut-être déjà sur cela entre les deux cours, à l'exlusion de l'Angleterre. Aussi devez-vous prêter une attention particulière sur cet article, qui me paraît assez vraisemblable. J'attends votre relation, au plus tôt possible, par la voie de l'exprès que je viens de vous envoyer avec la présente.

Federic.

Nach dem Concept.



463-1 Donna antwortet, 13. November: „Tout ce que j'ai pu apprendre à l'égard du marquis de Botta, est qu'il rend toute la justice imaginable à Votre Majesté . . ., mais des relations de Francfort et peut-être de Paris mettent sans cesse la puce à l'oreille, et qui sait si la connexion de religion ne fait pas venir de mauvais bruits de la Silésie même.“

463-2 Ulfeld hatte auf dièse Aeusserungen bairischer Officiere im Gesprâch mit Donna Bezug genommen.

463-3 Bericht Dohna's, 13. November: „Le changement de système est : 1° que l'année alliée, au lieu de trois batailles que le roi d'Angleterre avait promis de livrer, en a à peine livré, même malgré elle, une, rien moins que décisive; 2° va prendre ses quartiers d'hiver dans les Pays-Bas, au lieu qu'elle les avait voulu prendre dans les terres de France'; 3° que la cour d'ici qui avait compté d'y en prendre pareillement en partie considérable et d'entretenir le reste au moyen de contributions dans le Brisgau, se voyait frustrée de cette espérance et réduite à faire sa vraie frontière de la Bavière, comptant pour rien le corps qu'elle laissait sur les bords du Rhin; 4° que les subsides tardent tant à venir; 5° que, quoique les Anglais n'aient rien fait que causer une dépense énorme, puisqu'il avait fallu entretenir l'artillerie, les caissons etc. et payer tout argent comptant, ils prétendaient encore, ainsi que les Hollandais, de continuer la guerre sur le Rhin, sans vouloir se prêter à la porter dans les Pays-Bas; 6° que le projet du renfort à envoyer en Italie ne pouvait pas avoir lieu, depuis que ce qu'on y garde suffit à peine pour l'entretien des troupes qui y sont actuellement; 7° que vu les menaces de Votre Majesté, de Laquelle on s'était flatté qu'Elle laisserait agir en toute liberté et Se tiendrait neutre, l'on croyait le mieux faire de garder les frontières . . .; 8° que les intentions des rois d'Angleterre et de Sardaigne sont si équivoques et incertaines.“