1280. INSTRUCTION POUR LE CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN.483-2

1° L'Association des Cercles de l'Empire pour le maintien de la tranquillité et de la liberté de l'Empire, ainsi que de la dignité impériale :

Qu'il est de la dernière nécessité que, sans perte de temps, l'Empereur fesse son affaire principale et la plus sérieuse pour employer tous les moyens de faire sûrement réussir le susdit projet. Il faut surtout, 1° que ce prince fasse veiller exactement par ses ministres dans les différentes cours et cercles sur les dispositions de ceux qui y ont le <484>plus de crédit, et de ne pas négliger les avis que le Roi à fournis, avec une fidélité sans égale, de tout ce qui est parvenu jusqu'ici à sa connaissance de ce qui regarde les intérêts de l'Empereur, témoin ce qu'il a fait insinuer sur la conduite flottante de l'électeur de Cologne depuis plusieurs semaines; 2° de continuer à faire les instances les plus pressantes en France pour qu'elle fournisse les subsides à quelques princes de l'Empire; car, si la France paie, on aura à coup sûr les maisons de Saxe et de Hesse. Mais tout doit se faire, avec un secret le plus ménagé, sous nom de l'Empereur. Pour donner encore plus de poids aux représentations de ce prince en France sur cet article, le comte de Montijo pourrait être d'un grand secours pour y disposer la cour à ces subsides.

Il faut encore que l'on dise à la France à quoi servira l'armée de l'Empereur, sans l'association des Cercles? Elle n'osera pas se montrer et ne sera qu'une dépense inutile pour la France, au lieu que, si l'association des Cercles a lieu, elle sera décisive.

Il faudra tâcher d'intimider l'électeur de Cologne pour ses évêchés.

On aura besoin de l'évêque de Wûrzbourg pour déterminer le cercle de Franconie; c'est par le canal du comte de Seckendorff qu'il faudra tâcher de réussir.

Il en est de même dé la Saxe, cependant à pas mesurés.

Le prince Guillaume étant dans de bonnes dispositions, il n'y a pas de doute qu'il ne se détermine, moyennant quelques avantages.

L'Empereur doit encore tâcher de gagner les princes de l'Empire, soit directement, par leur faire des avantages par des fiefs qui pourraient être de leur convenance, ou indirectement, par en donner aux favoris.

L'électeur de Trêves doit être serré de près par la France.

Le Roi s'employera efficacement pour faire déterminer les cours de Wolffenbüttel, Baireuth, Anspach, et Würtemberg, à entrer dans l'Association.

Pour pousser davantage la France, l'Empereur peut lui faire entendre que, sans un secours vigoureux, il a en main à pouvoir s'accommoder.

Il ne s'agit pas d'un contingent considérable de la part des Cercles; il suffira qu'on en fournisse quelques troupes.

Le Roi accèdera, s'il le faut, au projet de l'Association par une convention signée.

Je pourrai, sous le sceau du secret, informer l'Empereur de la position que l'armée de l'Association pourra prendre sur le Weser, pas loin de Minden. Et ce prince doit donner au Roi le titre de lieutenantgénéral à perpétuité des troupes de l'Empire.

2° La Dictature: Cette affaire doit être poussée avec vigueur par l'Empereur à la diète de l'Empire.

3° La majorité du jeune duc de Würtemberg: D'abord après mon retour à Francfort, il faudra que j'insinue à l'Empereur avec tout le secret possible qu'il me donne quelques articles par lesquels il <485>pourrait prendre des engagements avec le jeune Duc pour l'attacher à ses intérêts, s'étant prêté avec tant de facilité à la dispense d'âge. Je les enverrai d'abord à Berlin, et après que le Roi les aura approuvés, on pourra les signer à Francfort, en vertu des pleins-pouvoirs des ministres de l'Empereur, du Roi, et du jeune Duc. Il faut aussi de toute nécessité que le diplome soit antidaté, parce qu'on ne peut prendre des engagements sûrs avec un prince mineur. La convention avec le jeune Duc se fera sous la garantie du Roi, à la réquisition de l'Empereur.

Federic.

Klinggræffen.

Nach der Ausfertigung (von Klinggräffen's Hand).



483-2 Undatirt. Das Schriftstück führt den Gesandten in der ersten Person ein, den König in der dritten, doch ist es vom Könige gezeîchnet.